Résumé :
À 17 ans, Lionella, d’origine italienne, ne vit que pour le violoncelle, ce qui la distingue des autres adolescents de Seraing, la ville où elle habite en Belgique. Elle peine toutefois à trouver le morceau qui la démarquerait au prochain grand concours Arpèges. Jusqu’au jour où son meilleur ami lui apporte un coffret en métal, déniché dans une brocante. Lionella y découvre un journal intime, une médaille coupée et… une partition pour violoncelle qui ressemble étrangement à une sonate de Vivaldi. Elle plonge alors dans le destin d’Ada, jeune orpheline du XVIIIe siècle, pensionnaire de l’Ospedale della Pietà, à Venise, dans lequel « le prêtre roux », Antonio Vivaldi, enseignait la musique à des âmes dévouées.
Entremêlant les époques avec brio, ce premier roman vibrant nous fait voyager à travers la Sérénissime, rencontrer l’un des plus grands compositeurs de musique baroque, et rend un hommage poignant à ces orphelines musiciennes, virtuoses et très réputées au XVIIIe siècle, enfermées pour toujours dans l’anonymat.
★ Merci aux Editions Préludes pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
Du XVIIIe siècle à nos jours, nous effectuons à travers notre lecture un voyage au grès des notes de musiques que nos deux héroïnes nous proposent. L’une est une jeune fille de 17 ans d’origine italienne, vivant actuellement en Belgique, passionnée de violoncelle, elle est dictée par l’exubérance de sa jeunesse et un talent inné qui transporte toute personne l’écoutant dans des songes merveilleux, l’autre est une jeune orpheline de vingt ans que nous suivons alors dans un siècle passé, elle ne vit que pour la musique, c’est alors son unique droit et elle a toute conscience qu’au vu de son statut c’est un immense privilège. Tout comme Lionella, jeune prodige du violoncelle, Ada, orpheline vénitienne a un talent certain pour le violon.
L’auteure nous transporte d’un siècle à l’auteure à travers cette passion commune qu’est la musique, les allers-retours effectués du XXe au XVIIIe se font de façon tout à fait naturel et nous avons plaisir à les suivre toutes deux. Le XVIIIe, le temps de Vivaldi et de ses compositions nous transportent à travers ses partitions et l’auteure arrive parfaitement bien à imprégner le lecteur de l’atmosphère particulière de la ville de Venise, nous avons l’impression d’y être, cachée derrière notre masque, dans les ruelles, à travers les canaux et le carnaval. L’atmosphère magique de cette ville est parfaitement bien décrite, j’ai eu l’impression d’y être, c’est un des points que j’ai particulièrement apprécié dans ma lecture, cette imprégnation des lieux et du temps.
Nous découvrons la Belgique différemment, à travers le regard de Kevin, le meilleur ami de Lionella : une Belgique plus sombre, industrielle qui connait le changement avec la destruction des usines pour voir la construction de bâtiments nouveaux. Kevin et Lionella ont été élevés dans un quartier pauvre, parqués face à un mur d’usine où la grisaille prédomine, c’est un tableau assez triste, Lionella semble s’en tenir bien loin, ne vivant qu’à travers les notes de musique qui sortent de son violoncelle. C’est à travers les balades de Kevin, que nous découvrons cette image de cette petite ville où ils logent tous deux, Kevin est un personnage solitaire qui vit à son frère peu aimable et sa mère qui les a élevés seule depuis toujours. Il est amoureux et très attaché à Lionella, mais ne tente rien, se contentant de l’observer à la dérober, planant en écoutant sa musique. La narration de ce personnage nous permet de localiser et de voir dans quel contexte Lionella et lui même vivent.
Nous sommes portés par l’engouement de Lionella qui lit le journal d’Ada, curieuse de découvrir d’où vient la partition qui l’accompagne. Elle voit en ce morceau, la possibilité de jouer quelque chose d’unique pour ce concours où son professeur l’a inscrite, elle ne s’imagine pas alors que derrière ces quelques pages se cachent un petit trésor de musique, une tranche de vie d’une jeune fille qui a découvert l’amour grâce à la musique. La vie actuelle de Lionella tout comme la découverte de la vie d’Ada sont toutes deux intéressantes et captivantes, c’est plaisant de lire les deux périodes avec deux jeunes femmes liées par cette même passion.
C’est une lecture très douce, portée par la musique avec la découverte d’une période et d’une ville passée qui accorde merveilleusement bien deux jeunes prodiges de la musique. Certains passages sur la vie d’Ada m’ont bien ému, sa condition d’orpheline et sa dette envers l’hospice qui l’a recueilli à sa naissance n’inaugurent pas une vie heureuse et les différents abandons des gens qu’elle aimait la rendent encore plus triste. Découvrir sa vie à travers son journal et se demander ce qu’il a pu advenir d’elle nous rend curieux, curieux d’en découvrir plus sur elle mais aussi sur les conditions de vie de l’époque, sur Venise et la musique. Nous côtoyons Ada, mais aussi Vivaldi qui fut professeur à La Piéta auprès de ses jeunes filles orphelines qui ont pu ainsi étudier la musique.
La couverture du roman convient tout à fait au ton donné au récit, nous y retrouverons cette atmosphère typique de Venise avec son brouillard mystérieux et la représentation de cette jeune fille colle parfaitement bien à l’histoire d’Ada, si seule tout comme à la personnalité de Lionella.
Ce roman m’a permis de voyager, je n’ai qu’une envie c’est d’aller découvrir moi aussi les lieux évoqués à Venise, avec la lumière, le soleil ou encore le carnaval au détour d’une ruelle, j’ai été conquise par ma lecture, découvrant tel un tableau un lieu, le tout porté par la musique. La plume de l’auteure a réussi là où je ne l’attendais pas forcément, elle écrit avec beaucoup d’émotions les arts et la vie de ses personnages.
Une lecture qui m’aura ravie, pas loin d’un coup de coeur, il n’aura pas manqué grand chose.
« La sonate oubliée » de Christiana Moreau
Editions Préludes le 04/01/2017 : 248 pagesNOTE : 4/5
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