Résumé de l’éditeur :
La guerre est finie pour tout le monde. Sauf pour Zofia.
Allemagne, 1945. Zofia, Juive polonaise de 18 ans, a survécu au pire. Réchappée des camps, elle a vu toute sa famille exterminée, à l’exception de son frère Abek, dont elle a été séparée.
Difficile de retrouver Abek dans un océan de disparus, avec une mémoire défaillante et sa propre vie à reconstruire. Au fil de son enquête, Zofia traverse la Pologne et l’Allemagne jusqu’à atterrir dans un camp de réfugiés, avec d’autres jeunes rescapés. Cette famille d’adoption l’aidera-t-elle à regarder vers l’avant, ou à renouer avec son passé ?
☆ AVIS DE BELI ☆
Un nom sur la liste est un roman dont j’ai fait l’acquisition il y a quelques temps, je l’avais remarqué alors que quelques blogs en avaient parlé et je souhaitais absolument le lire. Je l’ai choisi parmi d’autres romans sur cette même période qui n’attendent que d’être lus aussi, il faut dire que j’achète tous les livres qui relatent cette période de la seconde guerre mondiale donc j’en ai toujours dans ma PAL. Un nom sur ma liste a toutefois la particularité d’être un texte Young Adult, il peut donc être lu par les adolescents et de mon côté, loin d’en être une, j’ai été conquise par ma lecture.
Zofia est une jeune femme que nous découvrons en 1945, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Elle est polonaise et a été déportée, tout comme toute la population juive de la Pologne l’a été. Nous allons découvrir quelle est son histoire, ainsi que celle de sa famille depuis l’invasion des nazis jusqu’à la déportation de son peuple. Zofia est sortie d’un camps de concentration, pour intégrer une unité hospitalière qui accueillent tous ceux qui comme elle, requièrent des soins et un suivi, elle a souffert physiquement, gardant quelques traces de ces années de déportation et de privations, mais elle a aussi beaucoup souffert psychologiquement. Quand elle se réveille, elle n’a de cesse de vouloir sortir pour chercher son jeune frère, Abek, mais les médecins s’inquiètent de son état, en effet Zofia souffre de quelques troubles de la mémoire sur ce qu’il s’est passé ces dernières années. Elle semble alors un peu perdue face à tout ce qu’elle a vécu et montre alors quelques incohérences dans ces propos par moments. Elle finira toutefois par sortir et elle se lancera immédiatement à la recherche d’Abek, et ce malgré toutes les personnes qui tenteront de calmer ses ardeurs.
Ce sentiment qui reste omniprésent, c’est façon qu’elle a de se sentir un peu perdue, même dans sa tête, l’accompagne tout au long de son périple. C’est en effet, dans un long périple qu’elle va se lancer et ce à travers l’Europe. Elle va rencontrer plusieurs personnes à même de l’aider et qui vont lui expliquer les démarches à effectuer pour retrouver quelqu’un, et elle ira contre vents et marées à la poursuite du moindre indice, n’écoutant pas toujours les conseils qu’on lui donne. A travers ces différentes rencontres qu’elle fera, on sera amené à croiser quelques personnes bienveillantes qui lui apporteront leur aide, et ce de différentes manières. Elle trouvera aussi un certain nombre de personnes qui comme elle, ont tout perdu et espère retrouver un membre de leur famille. On découvre alors leurs histoires, leurs vécus durant ces années de guerre et chaque histoire est différente, et apporte son lot de peine et de souffrance. Les quelques rencontres malveillantes qu’elle fait, ne seront pas forcément les plus développées dans le récit, mais leur seule évocation retranscrit parfaitement bien quel est l’état d’esprit en ce lendemain de guerre dans certains pays sur la question des juifs, et même si la guerre est finie, ce sentiment de haine perdure et fait froid dans le dos.
Zofia reste très concentrée sur son objectif, ce qui fait d’elle une jeune femme plutôt indépendante et décidée, ne souhaitant qu’être en mouvement à chaque instant. Elle sera toutefois amenée à se poser dans un autre lieu d’après guerre : un camp pour ceux et celles qui n’ont plus d’endroits où aller. C’est là qu’elle découvrira que beaucoup sont comme elle, et elle se rendra compte aussi de la façon dont chacun vit cela, certain vivant dans cet espoir de profiter de la vie qu’il ne leur a pas été prise, d’autres se morfondent dans la recherche d’un être vivant, mais tous partagent les mêmes conditions de vie. Ils forment un groupe de jeunes adultes, qui ont été déportés bien jeunes, et qui aujourd’hui doivent décider de leur avenir sans avoir ce soutien que leurs parents auraient pu leur fournir s’ils étaient en vie. Il est bien difficile d’imaginer un avenir, alors que l’on a leur a pris tout ce qu’il faisait leur vie. La guerre a beau être finie, ce qu’ils entreprennent de faire sera un nouveau combat semé d’embuches.
Une chose qui m’a marqué profondément dès le début du roman, c’est ce sentiment de vide que ressent l’héroïne. Elle a tout perdu, on lui a tout pris et elle est capable de compter le nombre de ses possessions avec moins de dix doigts ! Ce sentiment de ne plus rien avoir est parfaitement bien retranscrit dans les débuts de ce roman, je l’ai ressenti d’une manière si forte que cela en est déstabilisant. C’est affreux d’être confronté à cette omniprésence du vide. Elle est à la fois perdue, vide de tout sens et elle avance avec le seul espoir qui la tient en vie : retrouver son petit frère. Ce sentiment perdure tout du long, lorsque l’on se rend compte de la situation des déportés qui se retrouvent si démunis, à la fois suite à tout ce qu’ils ont vécu et perdu, mais aussi face à ce qui les attend après, c’est à dire beaucoup de souffrances émotionnelles et physiques, beaucoup de démarches longues et pénibles et tant de changements, tant d’adaptations qu’il est difficile d’envisager après avoir tant souffert. On ne peut pas seulement rentrer à la maison, non cette maison n’est plus et ce dans tous les sens du terme.
C’est un roman poignant, qui bouleverse une fois encore notre façon d’être et de penser cette période de notre histoire. On a conscience de tout ce qu’il s’est passé durant cette guerre, même si on découvre encore des éléments que l’on ne connaissait pas, et de mon côté, à chaque lecture je me retrouve plongée dans une sorte de mal être constant : comment de telles choses ont-elles pu se produire ? L’humain a perdu une partie de lui durant cette période. J’ai du ré écrire cette chronique car la première ébauche a été effacée, je déteste cela car on ne réécrit pas deux fois la même chose, j’ai donc eu l’impression de revivre plusieurs fois ma lecture, m’attachant d’autant plus au texte proposé !
A la fin du roman, l’auteure nous parle de la façon dont elle a écrit ce roman, nous apportant alors bien des informations intéressantes et importantes sur les faits réels qu’elle a retranscrits à travers ses personnages. Elle évoque aussi le fait qu’elle a écrit trois romans Young Adult sur la période de la seconde guerre mondiale, vous vous doutez bien alors que je suis de suite allée voir lesquels. Deux d’entre eux, dont celui que je vous présente ici même ont été traduit, et je pense bien faire l’acquisition de son autre pour le découvrir. Le troisième n’a pas été traduit, et j’adorerai qu’il le soit car il aborde des faits de cette période dont nous n’entendons que très peu parlé : les camps d’internements des nippo-américains aux Etats-Unis, avec l’histoire de deux jeunes femmes, l’une d’origine allemande, l’autre japonaise. J’espère bien qu’une maison d’éditions décidera de le traduire pour que nous puissions le lire, son titre : The war outside.
Je n’ai pas été déçue par ce roman, au contraire, il m’a une fois de plus apporté une vision encore différente de cette période. Les émotions liées aux conditions de vie des juifs, anciens déportés livrés à eux-même ainsi après la guerre ont été parfaitement bien retranscrits à travers l’histoire de cette jeune femme et de ceux qui l’accompagnent. J’ai été saisi par bien des faits, par ce sentiment de vide et ce besoin de se reconstruire après avoir fait le deuil des années passées. Quel courage tous ces jeunes gens ont eu de croire en la vie après tant d’épreuves ! Un nom sur la liste est un roman poignant, qui dresse le portrait de toute une génération de jeunes adultes qui ont survécu aux atrocités de la guerre et qui tenteront de relever la tête pour poursuivre leur vie tant bien que mal.
Un nom sur la liste
De Monica Hesse
Editions Nathan
Broché pages
Sortie le 14/01/2021
Je trouve cela vraiment intéressant d’observer les séquelles qu’une telle abomination peut laisser sur un individu. Je trouve que ça impacte plus, que ça lie l’histoire avec notre réalité. Vraiment, un très bon principe, et l’engouement avec lequel tu défends ton livre me donne on ne peut plus envie
Merci !
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