Une histoire, un livre, un film
Je suis très friande de ce type d’histoires, celles qui sont tristes et qui vous touchent en plein coeur tellement elles sont belles. Quand un roman est adapté ainsi en film, je préfère d’abord le lire et voir la proposition de l’adaptation après, car j’ai besoin de découvrir l’écrit et tous ces détails qu’il procure d’abord. Mais je prends beaucoup de recul aussi quand je découvre le film, car je sais que chacun a son interprétation d’une lecture, et je préfère le découvrir avec cette distance pour ne pas être déçue.
Dans cet article, je vous partagerai d’abord ma chronique, écrite une fois le livre lu, sans avoir regarder le film. Comme ça, je ne mélange pas tout et vous pouvez avoir un point de vue objectif sur le livre tel qu’il est. Suivra mon avis sur le film, que j’ai regardé après lecture.
THE IN BETWEEN, LE ROMAN
Résumé de l’éditeur :
Après avoir passé la majeure partie de son enfance dans des foyers, Tessa Jacobs, 17 ans, ne pense pas qu’elle mérite l’amour – si ce n’est de ses parents adoptifs, certainement pas de quiconque au lycée.
Mais tout change lorsqu’elle rencontre Skylar au cinéma local. Leur relation naissante mène rapidement au genre d’amour passionné qu’on ne voit que dans les films.
Et Tessa commence à croire qu’elle mérite peut-être son conte de fées, après tout…
Lorsque la tragédie frappe, Tessa se réveille seule à l’hôpital sans aucun souvenir. Et Skylar n’est plus là. Alors que Tessa commence sa recherche incessante de réponses, l’esprit de Skylar semble lui tendre la main de l’autre côté. Désespérée de le voir une toute dernière fois, Tessa doit démêler les fragments éparpillés de leur relation – et la vérité pourrait même la conduire au-delà de ce que la raison peut accepter.
J’attendais cette sortie de Hugo Stardust avec impatience, car j’adore lire ce type d’histoires d’amour, même si je sais qu’elles vont me faire verser quelques larmes, elles sont souvent assez poignantes et belles à lire. L’idée de pouvoir voir l’adaptation dans la foulée était d’autant plus tentante, pas question de voir le film sans avoir lu le livre avant toutefois. Je me suis donc lancée dans ma lecture, et je l’ai dévoré.
Cette histoire nous conte celle d’un premier amour, un premier amour puissant et qui change tant la vie qu’il en devient irremplaçable. Cet amour prend une ampleur importante, car il survient dans la vie d’une jeune femme qui n’avait pas goût à aimer, ni à quoique se soit d’autre la concernant, fuyant tout rapprochement qui pourrait la faire souffrir. Mais la souffrance de se retrouver seule, l’est d’autant plus quand le destin vient faucher celui que l’on aime alors que l’on avait enfin retrouver goût à la vie grâce à lui. L’idée déjà nous percute et on a bien conscience qu’en ouvrant ce roman, nous serons confrontés à la tristesse et au deuil, un deuil qu’il sera très difficile de faire.
Tessa est la narratrice de cette histoire, elle a dix-sept ans et son vécu familiale ne lui laisse guère d’espoir en l’amour, elle n’y croit pas. Elle sait aussi que l’attachement peut provoquer bien des peines et elle en a déjà suffisamment vécu depuis son enfance pour s’y frotter de nouveau. Elle vit actuellement auprès d’un couple qui l’a adopté alors qu’elle a vécu une bonne partie de sa vie en familles d’accueil, son passé est assez triste et on comprend pourquoi elle est si solitaire. Elle n’a qu’une amie, une jeune femme qui n’a rien à voir avec elle, et pourtant toutes deux sont très proches. Tessa est passionnée de photos, et c’est par son regard au travers de l’objectif qu’elle s’exprime. Son appareil est aussi un moyen de vivre des moments sans forcément s’exposer soi-même, lui permettant de se cacher ainsi derrière. Même ses clichés reflètent ce mal être qui l’anime, et ce besoin de se protéger de l’extérieur. Elle ne partage d’ailleurs pas son travail, ne voulant pas s’exposer aux autres. C’est un personnage qui a des fêlures importantes, et la façon dont elle les vit la rend attachante.
La façon dont le récit nous est présenté est très intéressante, l’auteur alterne les chapitres du présent au passé et j’ai trouvé qu’il a manipulé cette alternance avec brio, car nous ne quittons pas à regret une période pour une autre, les deux étant assez captivantes. Ce que j’ai trouvé aussi très judicieux de sa part, ce sont les marqueurs temps qu’il a utilisé et ce à partir d’un point 0 qui est ce jour où tout a basculé. On passe alors de tant de jours avant, à tant d’autres jours après, mais tous ces marqueurs temps sont essentiels pour que l’on s’y retrouve, et ils sont très bien gérés. L’évolution de l’histoire de ce qu’il s’est passé avant, se met donc en parallèle avec ce qu’elle vit au présent, nous apportant ainsi les éléments essentiels aux bons moments.
Le passé voit l’émergence de cet amour que vont partager Tessa et Skylar, un amour assez foudroyant car dès le départ, il se passe vraiment quelque chose entre eux. C’est un premier amour et ils sont jeunes, ils passeront du temps ensemble et finiront par partager plus encore, s’attachant l’un à l’autre alors que leur vie ne leur permet pas forcément de profiter du temps comme ils le souhaiteraient. La distance, les obligations font qu’ils seront confrontés à l’éloignement et ils auront alors un été pour profiter sans trop savoir ce que le lendemain leur réserve. Tessa au contact de Skylar va se métamorphoser, elle qui n’envisageait pas l’idée même d’être heureuse et épanouie, se donne enfin le droit d’y croire, et ce grâce à lui et à ce qu’ils partagent tous deux. Elle s’ouvrira ainsi aux autres et aussi à l’idée même qu’elle puisse montrer ce qu’elle peut faire, Skylar aura changer la façon dont elle perçoit le monde.
Dans ce roman, il est donc question de ce grand amour qui n’aura pas la chance de durer dans le temps, mais on y évoque aussi beaucoup la façon dont Tessa a de voir la vie. Au début, elle n’est pas épanouie, et comme je viens de le dire, elle change au contact de Skylar qui lui permet d’envisager de voir les choses autrement. J’ai beaucoup aimé la façon dont on a pu découvrir tout cet aspect psychologique de sa personnalité, et de voir ainsi son évolution. La partie au présent n’épargne en rien cette jeune héroïne qui avait enfin repris goût à la vie. On lui a enlevé et ce brutalement celui qui la faisait vibrer alors qu’elle n’était pas heureuse avant lui, comment se remettre de cette perte ? Cela reste quasiment inenvisageable tellement c’était fort entre eux.
C’est alors que l’on aborde un autre aspect de cette histoire, plus mystique liée à la mort, le deuil et l’au-delà. Tessa entend et voit Skylar, d’une façon telle qu’elle n’a aucun doute sur le fait qu’il essaye de communiquer avec elle. On entre alors dans un registre abordé par des apparitions, des signes, des voix, tant de choses qui la pousse à vouloir en savoir plus sur ces phénomènes. Elle se raccroche à ça d’une force, cela devient primordiale de pouvoir le voir encore une fois, d’avoir la réponse à certaines questions qu’elle se pose. On entre alors dans une course contre la montre, car rien n’est éternel et il ne lui reste que peu de temps pour réaliser ce qu’elle souhaite.
J’ai adoré cette très belle histoire, la symbolique autour de la mort et de l’amour qui a fortement lié deux personnages, cette vision de l’après, j’ai trouvé l’ensemble vraiment très beau. Nous avons tous nos croyances, là-dessus je ne ferai pas un débat, mais je trouve que ce que propose l’auteur est une belle façon de concevoir ce qu’il se passe après. La mort peut être brutale et ceux qui restent, éprouvent un manque qu’il est difficile de combler, mais le fait de ne pas avoir eu le temps de dire au revoir, ou le fait d’être ainsi fauché alors que l’on vivait quelque chose d’intense est cruel. Ici, il est essentiel que certaines choses soient dites, et faites pour que Tessa puisse aller de l’avant. Cela n’enlève en rien au chagrin éprouvée par la perte de l’être aimée mais cela réconforte dans l’idée que la mort n’est pas une fin en soit.
Ce roman est un très joli coup de coeur, l’histoire en elle-même est très belle et elle nous embarque dans ce qu’elle propose. J’ai beaucoup aimé les personnages, leurs histoires personnelles sont très touchantes, et la façon dont leur relation de couple nait et se construit nous rappelle cette insouciance et la façon dont les jeunes amours prennent vie. Marc Klein aborde tant de thèmes forts et poignants qu’il marie avec justesse dans son récit. Je pense aussi que la construction du roman a su retenir mon attention, chaque moment est important à découvrir. On retrouve ici les qualités du scénariste qu’est l’auteur, mais il a su au delà de cette construction, bien développer chaque élément. C’est un roman qui a complètement répondu à mes attentes.
The in between
De Marc Klein
Editions Hugo Publishing
Collection Stardust
Broché 292 pages
Sortie le 14/04/2022
THE IN BETWEEN, LE FILM
Brève présentation sur Netflix :
Le coeur brisé par la disparition de l’amour de sa vie dans un accident tragique, une adolescente commence à croire qu’il lui envoie des signes d’outre-tombe.
L’ADAPTATION DU ROMAN EN FILM
Après avoir eu un joli coup de coeur pour le roman, qu’en est-il du film ? J’étais assez confiante en débutant mon visionnage, avec la boite de mouchoirs pas loin de moi bien entendu !
Certaines scènes du roman ont été adaptées différemment et on constate quelques changements aussi dans les personnages secondaires, mais toutes ces petites choses ne dérangent en rien pour apprécier le film, même si on connait les différences après avoir lu le livre. Ce qui m’a par contre un peu gênée, c’est la façon dont le temps a été exploité dans l’adaptation. Il y a certains moments du livre qui auraient mérité d’être traité dans le film, comme au début après leur première rencontre, quand Tessa va passer de longs mois à le chercher, dans le film, on ne rend pas vraiment compte de ce temps qui est passé. Les marqueurs temps dont j’ai parlé dans ma chronique du livre sont aussi moins importants dans le film alors que je les ai trouvé primordiales dans le livre. Du coup, on se rend beaucoup moins compte de l’espace temps passé dans l’adaptation, et cela va parfois un peu trop vite. J’ai bien conscience que l’on ne peut pas tout mettre dans une adaptation en film, sinon celui-ci durerait bien plus longtemps mais je trouve que des fois, on rajoute des choses inutiles alors que l’on en enlève d’autres.
Les émotions, je crois que tout dans le roman évoque les émotions. Que cela soit de la joie, et du bonheur de cet amour qui nait et transcende les personnages, à la douleur et la tristesse qui incombent à ce destin tragique qui va les séparer de façon brutale. Toutes ces émotions sont bien entendu primordiales dans le roman, et j’ai trouvé qu’elles étaient parfaitement bien retranscrites à l’écran. On vit chaque instant intensément, et c’est très beau de pouvoir ainsi aborder des thématiques fortes comme la mort et le deuil, mais aussi avant cela le fait d’avoir confiance en soi et de voir la vie positivement.
Alors bien entendu, il manque quelques petites choses mais cela reste une très jolie adaptation. C’est mignon, émouvant et il y a cette part de mystique qui est très bien retranscrite dans le film. On y passe un bon moment, appréciant la romance de ce premier amour, les premiers fois et la beauté que forme leur couple. On est pris dans l’ambiance et les lieux très jeunes, mais aussi très entrainants et les émotions sont au rendez-vous. On sourit, mais on pleure aussi, impossible de ne pas verser sa petite larme car leur histoire est tout de même poignante.
LE CASTING
On ne présente plus Joey King, qui nous épate dans chacun de ses rôles. On la retrouve dans un certain nombre d’adaptations de romans et de films Young Adult, notamment dans The kissing booth. J’aime beaucoup cette actrice, je la trouve très bonne comédienne, elle peut être drôle, émouvante, mais elle reste une actrice qui apporte fraicheur à chacun de ses rôles. Ici, elle joue à merveille le rôle de Tessa, elle arrive à travers ses expressions et son regard à nous montrer à quel point elle se sent vide de tout sens avant de connaitre Skylar et on la voit respirer le bonheur avec lui, pour finir par s’éteindre de nouveau. Elle joue à merveille et je continue d’apprécier son jeu à chaque film que je découvre d’elle.
Pour l’accompagner, il fallait un acteur à la hauteur de la description que nous en avions dans le roman, et j’ai trouvé que l’acteur choisit était juste parfait ! Kyle Allen représente très bien Skylar, décrit comme un très beau jeune homme, sportif, grand et musclé. Mais Skylar n’est pas qu’un physique, c’est un personnage très intéressant et plein de joie et de douceur, et Kyle Allen l’interprète très bien ! Il est craquant et plaira à coups surs aux jeunes femmes qui découvriront ce film.
D’autres acteurs les accompagnent, pour figurer leurs amis, familles et si certains sont connus, ils sont dans l’ensemble plutôt méconnus pour le public lambda. Quand à leur choix par rapport aux livres, j’avoue mettre focalisée sur les deux personnages principaux sans réellement me faire une idée sur les autres. Mais l’inversion de sexe pour deux personnages m’a interpellé, sans toutefois avoir un impact quelconque sur le film et je n’ai pas trop compris l’intérêt du coup. Et si certains personnages sont présents, on se focalise toutefois sur l’entourage de Tessa, alors que dans le roman, Skylar passe toutefois du temps avec son grand-père, grand absent du film.
LES DÉCORS
Les décors sont dans le roman très bien imagés, car beaucoup nous sont décrits par l’oeil que Tessa porte dessus à travers son appareil photos. On se les imagine alors très bien à la façon d’une oeuvre d’art qui prend vie. Tessa, passionnée de photos, mitraille les lieux et elle a plaisir à en découvrir au grès de ses balades. L’un d’eux est un hôtel abandonné, on aborde alors le thème de l’Urbex qui consiste à visiter des lieux abandonnés mais cela en état, ce qui provoque bien des émotions lors de leur visite. Les décors et les sensations alors y sont très bien retranscrites à l’écran.
Les lieux choisis pour le tournage sont assez magiques, on y retrouve toutes les sensations décrites dans le roman, cette liberté liée à une belle nature, cet air marin, ce vent qui vous font prendre un bon bol d’air ! C’est très plaisant, et malgré la grandeur des lieux, ils offrent aussi bien des moments où les personnages pourront se perdre dans l’immensité de la nature pour passer du temps à deux.
LA PHOTOGRAPHIE
J’en ai déjà parlé dans cet article, mais la place de la photographie est très importante dans cette histoire. Elle est déjà évoquée comme étant la passion de Tessa, une passion derrière laquelle elle se cache, ne dit-on pas que le photographe derrière son objectif ne se sent pas exposé, et qu’il ne conçoit pas de passer devant de peur de l’être. A travers son objectif, Tessa tente de capturer bien des moments, des actes et tente de s’exprimer, bien qu’elle ne veuille pas montrer son travail.
J’ai beaucoup aimé la façon dont la photographie est utilisée tout du long de l’histoire. Elle exprime les différentes étapes de vie par lesquelles Tessa va passer, de ces paysages solitaires quand elle était seule, à la photographie des personnes quand elle s’est ouverte à Skylar, pour finira par concrétiser une passion en se mettant elle-même face à l’objectif. C’est très symbolique et cela véhicule des messages très forts liés à l’état d’esprit de l’héroïne de cette histoire.
Pour finir, je citerai Raymond Depardon pour parapher la façon dont la photo accompagne Tessa à ses tous débuts.
« Il faut aimer la solitude pour être photographe ».
LA BANDE SON
La bande son instrumentale, composée par J.J. Pfeifer est très belle, passant de la douceur de l’amour partagé, aux moments plus intenses quand la peur les saisit ou qu’ils vivent l’un de ces moments émotionnellement intenses. Nous sommes rythmés alors par ce qu’il se passe et la musique accompagne très bien tous ces moments.
Retrouvez l’intégralité de la soundtrack instrumentale ci-dessous.
On est accompagné tout du long, par des morceaux étrangement sortis du passé, liés à la découverte de ces cassettes audio que Skylar écoute dans la voiture de sa mère qui date un peu. On prend plaisir à se laisser alors porter par des morceaux comme celui d’INXS : Never tear us apart, utilisé à plusieurs reprises dans le film et qui deviendra le morceau qui les représente.
Finissons avec la chanson du générique, interprétée par Grace Meredith.
Bande annonce de In the between, adaptée sur Netflix.
In the between
Acteurs : Joey King, Kyle Allen, Kim Dickens,
Réalisatrice : Arie Posin
Scénariste : Marc Klein
Musique originale composée par J.J. Pfeifer
Film américain
Durée du film : 1h55
Catégorie du film : romance, drame, fantastique
Sortie le 08/04/2022 en France
Disponible sur Netflix
Conclusion : le livre est sublime, le film est très beau ! N’hésitez plus et lancez-vous. On y parle de premier amour, de la perte de cet amour, mais il y a aussi tant de choses abordées : la photographie, le deuil, la mort, l’au delà, et ce message d’espoir que malgré l’amour perdu, il faut continuer de vivre encore et encore.
