Résumé de l’éditeur :
Dans Paris occupée par les Nazis, Myriam vient d’être arrêtée. Juste parce qu’elle est Juive. Enceinte, elle est conduite à l’hôpital Rothschild pour accoucher et n’a le droit de prendre son enfant que quelques instants dans ses bras avant d’être arrachée à lui et déportée. À Auschwitz, il y a la faim, le froid, la violence. Pourtant, Myriam ne pense qu’à cet enfant qu’elle risque de ne jamais connaître. Lorsque les autres prisonnières lui posent la question, elle dit qu’il est mort-né. Sa seule consolation est de savoir que son enfant ne l’a pas accompagnée au cœur de l’enfer. Des années plus tard, un jeune homme fête ses 18 ans. L’âge auquel il peut enfin ouvrir la lettre que sa mère biologique disparue lui a laissée comme unique héritage. Pourquoi l’a-t-elle abandonné ? Peu à peu, il remonte le fil de son histoire familiale. Une indicible vérité qui va changer sa vie à tout jamais.
★ Merci à City éditions pour ce SP ★
Souvent les romans évoquant la seconde guerre mondiale utilise la double temporalité et c’est toujours assez passionnant de découvrir un secret du passé par la recherche effectuée au présent. On confronte ainsi deux époques et on se plonge dans chacune d’elles avec émotions et intérêt. Dans ce roman, ce sont trois périodes de vie, trois générations que nous allons découvrir, avec un roman présenté sous une triple temporalité, un exercice pas évident mais qui bien pensé peut-être encore plus intéressant.
Les années 40, 60 et 80, une vingtaine d’années séparent ces trois périodes et ce sont plusieurs personnages que nous allons découvrir sur toutes ces périodes. L’histoire débute durant la seconde guerre mondiale, alors que les juifs sont déportés, c’est l’histoire de plusieurs d’entre eux qui nous conduira à découvrir tous les autres personnages. Il faut savoir ici que à chaque période de l’histoire contée dans le récit, nous avons plusieurs personnages que nous découvrirons pour arriver à la fin du roman, et c’est assez passionnant à suivre.
Les époques sont suivies en parallèle, alternant les chapitres et cela nous permet de tout apprendre de chacun d’eux tout du long de notre lecture, et ce en temps voulu. Je ne vais pas vous détailler chacune d’entre elles, ni évoquer tous ces personnages que nous serons amenés à suivre, cela serait trop vous en dévoiler ! Ce que l’on peut dire, c’est que dans les années 80, un jeune homme vient de fêter ses 18 ans et il va alors avoir accès à son dossier d’adoption, et il a bien l’intention de découvrir qui était sa mère. On l’inscrit alors dans cette famille qui est la sienne, celle qui l’a élevée, celle qu’il aime et cette annonce de vouloir retrouver sa mère passe mieux que celle de ses projets d’études. On comprendra vite l’importance de ce grand-père qui porte sur son bras une marque, rappelant ce passé qu’il a vécu et dont il parle peu, celui du temps de la seconde guerre mondiale lorsqu’il fut déporté. A travers le petit fils et le grand père, nous aurons donc trois générations à découvrir, au fil des années qui sont passées.
Nous sommes ainsi plongés dans l’horreur de la déportation des juifs durant les années 40. Je lis beaucoup de romans sur cette période et sur ce sujet, et je suis toujours autant saisie par l’ignominie de ces hommes qui ont fait tant de mal. On en ressort toujours avec cette boule au ventre de constater que tout cela a vraiment eu lieu. Cette déportation, nous la vivrons à travers plusieurs personnages desquels nous suivrons le cheminement du moment où les allemands sont arrivés dans leur ville à l’après camps, et il va s’en dire que c’est saisissant de vérités et d’expériences de vies traumatisantes. Aurélie Puaud-Champagne nous plonge au coeur de l’horreur des camps, j’ai apprécié la façon dont elle nous parle, en nous racontant ce qu’ils ont vécu et le lien qui les unit aux autres, d’une importance extrême pour la survie. Bien entendu, impossible de rester insensible face à tout ce qu’ils vont vivre, cela reste encore tellement improbable d’avoir traité des êtres humains de cette façon.
Les autres périodes ne sont pas en reste, mais il est difficile d’en parler sans spoiler les points cruciaux que nous découvrirons à la lecture du roman. Nous suivrons ce jeune homme parti à la découverte de sa mère, de Paris à l’Amérique latine à bien d’autres endroits comme Jerusalem, c’est une véritable enquête qu’il mènera, et qu’en parallèle d’autres mèneront. Le parallèle entre chaque période est assez bien pensé, c’est bluffant de voir comment tout finit par se réunir pour nous expliquer quels furent les secrets du passé qui ont tant changé la vie des personnages. Après la guerre, il s’est passé tant de choses, beaucoup n’ont pas souhaité parlé de ce qu’ils avaient vécu, pour diverses raisons, et cela se ressent ici avec beaucoup de conséquences. Les répercutions de cette guerre et de ce qu’il s’est passé auront duré bien plus longtemps que l’on ne l’imagine puisque beaucoup ont mis des années à retrouver ceux qu’ils avaient perdu. L’autrice a su saisir tout cela pour construire son roman et son intrigue.
Ce que je trouve formidable, c’est cette capacité à avoir fait en sorte que l’on s’intéresse à chaque période et à chaque histoire avec le même intérêt. Cela n’est pas évident que cela soit ainsi, souvent on préfère une période à l’autre, mais ici chaque instant est captivant, chaque histoire individuelle ou de groupe nous capturent et on n’aura de cesse de tous les retrouver à chaque changement de période. J’ai beaucoup aimé la construction du roman, la façon très naturelle dont on passe d’une période à une autre.
C’est un roman dont on pourrait parler des heures durant tellement il s’y passe des choses, mais dans le cadre de cette chronique, cela serait aussi tout vous en dévoiler. Le but étant justement de tout découvrir, je limite les révélations mais il est tellement prenant qu’une fois l’histoire débutée, on ne peut plus s’arrêter de le lire avant la fin. On y laisse un peu de nous, car tout du long nous aurons eu le temps de nous attacher à chacun d’eux et ce qu’ils ont vécu ne nous aura pas laisser insensible au contraire, il y a beaucoup d’émotions ressenties à les lire. Voilà un roman qui m’a conquise et qui m’a surprise car je ne pensais ainsi être embarquée dans ces différentes périodes. Le scénario est plutôt bien pensé, on devine certaines choses mais on reste toutefois saisi par tout ce que l’on y apprend et ce tout du long de notre lecture.
Les Larmes de nos Mères
D’Aurélie Puaud-Champagne
City éditions
Broché 334 pages
Sortie le 29/05/2024