Résumé de l’éditeur :
C’est un samedi matin, en plein service à la bibliothèque publique de Winter Park, que je le revois.
Le livre sur lequel j’ai posé les yeux pour la dernière fois il y a plus de six décennies.
Que je croyais disparu pour toujours.
L’ouvrage qui représentait tout pour moi.
Le monde s’arrête alors que j’attrape le journal, la main tremblante. Ce livre m’appartient – ainsi qu’à Rémy, un homme mort depuis longtemps et auquel je me suis efforcée, après la guerre, de ne plus penser.
Floride, mai 2005. Eva Traube Abrams retrouve la trace de l’homme qu’elle pensait avoir perdu à tout jamais, et du livre qui a tant compté pour eux, plus de soixante ans auparavant…
En 1942, Eva fuit Paris à la suite de l’arrestation de son père, Juif originaire de Pologne. Bouleversée, elle trouve refuge dans un village de montagne, en Zone libre, où elle rencontre Rémy, un séduisant faussaire. Avec son aide, elle produit de faux papiers pour aider des enfants juifs à passer la frontière suisse. Ne pouvant se résoudre à effacer leur identité, Eva consigne leurs véritables noms grâce à un code dont seuls Rémy et elle possèdent la clé. Ce Livre des noms oubliés devient encore plus vital lorsqu’ils sont trahis et que Rémy disparaît. Eva parviendra-t-elle à retrouver celui qu’elle aime, et à protéger les enfants de l’horreur du nazisme ?

 ★ Merci aux éditions Hauteville pour ce SP ★

Je replonge avec plaisir dans les récits qui se déroulent durant la seconde guerre mondiale, j’aime tant les lire, c’est une véritable mine d’informations, et je suis toujours tellement prise par tous ces personnages qui ont tant vécu, et tant fait durant ces années de guerre ! Ce roman me plaisait donc avant même de l’avoir commencé, et j’ai été complètement happée par cette histoire, je l’ai adoré.

Nous débutons ce roman en 2005, aux Etats-Unis auprès d’une dame qui va tomber sur un article qui va la ramener bien des années en arrière, du temps de la seconde guerre mondiale. Cet article évoque un livre retrouvé par les allemands dans ces ouvrages qui ont été confisqués ou dérobés pendant la guerre, et qu’ils cherchent aujourd’hui à remettre à leurs propriétaires. Ce livre requiert d’une importance capitale pour Eva, puisqu’il représente toute cette période et ce qu’elle a accomplis durant ces années de guerre, auprès de quelques personnes fidèles qui ont tant compté pour elle. C’est ainsi que nous allons être transportés dans son passé, celui d’une jeune femme vivant en France, qui subira l’invasion et l’occupation allemande, alors qu’elle est juive.

Retour en 1942, à Paris, les privations occasionnées par la guerre font rage en France et les français tentent de survivre au mieux dans ces temps difficiles. Eva Traube est une étudiante à la Sorbonne et prépare un doctorat en littérature anglaise, elle est passionnée, jeune, pleine d’ambition mais elle est aussi juive, et les juifs cette année-là ne sont plus considérés comme étant libres de leurs actes et c’est un poids qui commence à peser lourd sur leurs épaules. Cette année-là marquera un tournant capitale dans leur vie, quand des rafles viendront bouleverser leur quotidien, la menace d’être arrêté à tout moment ne les quittant pas. Mais le père d’Eva n’est pas inquiet, la France est leur pays et les allemands ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent… c’est ce qu’il croyait, tentant de rassurer ses proches. Il sera toutefois victime d’une de ces rafles qui va ponctuer les nuits angoissantes de tous les juifs de Paris, et Eva va se retrouver avec sa mère et aura comme consigne de rejoindre la Suisse, un pays neutre, où elles attendront son père.

Mais rien ne se passe comme prévu, il va s’en dire que l’inconnu de cette expédition, les risques mais aussi les doutes sur comment agir viendront les assaillir. Comment savoir ce qui est arrivé à son père ? Comment savoir à qui faire confiance ? et comment agir ? Eva se retrouve en compagnie de sa mère, son ainé et pourtant c’est elle qui va devoir porter sur ses épaules toutes les décisions importantes, sa mère n’ayant pas les attitudes pour, allant même jusqu’à lui reprocher tout ce qu’il leur arrive. Eva sera donc responsable de sa mère à partir de ce moment-là, rajoutant sur ses épaules un poids supplémentaire. C’est alors que dans leur périple, elles font une halte dans un coin de France un peu reculé dans un village en zone libre, qu’elle sera amenée à rendre service et c’est ainsi que son destin va se dessiner : elle veut aider les autres, ce qui comme elle fuit, et elle va mettre au service de la Résistance ses talents artistiques pour devenir une faussaire, procurant ainsi aux enfants juifs en fuite de faux papiers, leur permettant de se cacher sous une fausse identité. Cela l’oblige elle-même à rester en France sous une fausse identité, et elle brave ainsi le danger chaque jour, en occupant ce « poste » mais elle se sent ainsi pleinement investie dans une cause qui lui tient à coeur, et ce malgré les réticences de sa mère à rester ici, sans fuir vers la Suisse. La vie d’Eva a pris un tournant certain mais elle a trouvé de quoi se rendre utile et très vite, l’idée de rendre service un temps deviendra définitif et elle ne se verra plus fuir.

C’est ainsi qu’elle fera la connaissance de plusieurs personnages, appartenant à un réseau important de résistants, qui tentent de lutter au mieux contre l’envahisseur. Des personnages qui deviendront avec le temps des proches, une famille, des personnes sur qui Eva pourra compter. On fera leur connaissance, de ceux qui semblent être de passage, alors que d’autres s’imposent, et leur participation à tout ce qu’il se passe, nous les rendra à nous aussi attachants, d’autant plus qu’ils ne seront jamais réellement libres de leurs faits et gestes, et encore moins de pouvoir suivre leurs sentiments. S’il leur semble interdit de trop se lier, comment ne pas se sentir proche d’eux, malgré souvent l’anonymat, sous couvert d’une fausse identité pour pouvoir oeuvrer au mieux sans être pris. L’autrice nous propose de découvrir bien des portraits de personnages qui entourent Eva et qui ont chacun un rôle à jouer dans ce qu’ils entreprennent. Ils prendront petit à petit leur place au coeur de sa vie, et ils deviendront pour nous des essentiels que l’on a envie de voir vivre.

En créant ces faux papiers, pour de multiples personnes, adultes comme enfants, elle se rendra compte que pour les plus jeunes, ce n’est pas un acte anodin puisqu’ils sont séparés de leurs parents et qu’ils n’ont pas encore tous consciences de ce qu’il se passe. Elle voudra alors garder une trace de qui ils sont en « vrai » pour qu’après ils puissent retrouver leurs familles. En littéraire qu’elle est, c’est dans un livre qu’elle utilisera un code, celui de Fibonacci pour garder une trace de l’identité de ces enfants. On découvre alors le monde fascinant des codes, et l’intelligence des personnages fera le reste ! c’est passionnant que de découvrir de quelle façon à partir de peu, ces gestes seront révélateur de l’importance des gens qui vivent ces moments si difficiles.

On s’intéresse ici à un pan de l’histoire fascinant à découvrir : les faussaires qui ont joué un rôle important durant cette guerre, sauvant ainsi la vie de tant de monde. Cachés dans des lieux obscures, oeuvrant dans l’ombre sans avoir sous les yeux les fruits de leur labeur, leur tâche peut paraitre ingrate et elle n’est pas congratulée comme leur serait un attentat, ou encore un sauvetage ou des missions périlleuses et pourtant elle est primordiale dans tout ce qu’entreprend de faire la Résistance. C’est passionnant de découvrir tout cet aspect de cette résistance dormante mais pourtant essentielle. On suit Eva qui nous partage ces moments, où elle va créer tout cela, une jeune femme passionnée de livres qui n’aura de cesse de partager cette passion, en parlant de livres et on s’y sent si bien en sa compagnie ainsi que celles de ses compagnons.

C’est un beau coup de coeur, quelle intensité ressentie lors de ma lecture. Le danger et la menace d’être capturés n’auront jamais quitté les personnages tout du long de ce roman. Nous les accompagnons avec ferveur et inquiétude tant en étant passionnés par ce qu’ils font. Nous avons à faire ici à des personnages courageux, qui bravent les interdits pour faire le bien ! Les liens qui les unissent sont forts et s’ils s’interdisent l’idée de s’attacher, ils ne pourront pas vaincre les sentiments naissants entre eux, de ceux fraternels comme ces sentiments amoureux, les temps n’y sont pas propices, et pourtant il est si bon de s’y attacher avec l’espoir qu’un jour, ils pourraient vivre heureux et libres. Le récit est passionnant, leur histoire l’est, jalonnée par tout ce à quoi ils seront confrontés, tant de rebondissements, de menaces, de danger, de trahison et de pertes en tous genres. On est pris dans la tourmente de leur vécu, et on n’aura de cesse de vouloir savoir ce qu’il s’est passé quand tout s’est emballé et qu’ils ont été rattrapés par ce danger qui n’a jamais cessé de roder autour d’eux.

Que d’émotions dans ce texte, c’est fabuleux que de se sentir transporter vers ces années de guerre, où la force et le courage de beaucoup de personnes ont permis d’en sauver tant d’autres. Kristin Harmel signe ici un magnifique roman, où nos émotions n’ont eu de cesse de suivre les rebondissements du récit. L’ensemble est rythmé par les actes mais aussi par ces émotions qui nous assaillent quand on constate que rien n’est fait pour leur permettre de vivre comme ils l’entendent, et l’autrice aura su insuffler une part de suspense tout du long de son roman. C’est une petite réussite qui m’a complètement convaincue, j’ai adoré le découvrir et j’espère avoir de nouveau l’occasion de la lire dans ce type de récits.

Le livre des noms oubliés
De Kristin Harmel
Editions Hauteville
Broché 414 pages
Sortie le 12/07/2023

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