Résumé de l’éditeur :
Il faut savoir se confronter au passé pour mieux vivre son avenir…
Le 11 septembre 2001, au moment où les avions frappaient les Tours Jumelles, Abbi fêtait son premier anniversaire à la crèche du World Trade Center. La photo qui la montre en train d’être secourue fait la une de tous les journaux. Dès lors, elle devient « Baby Hope » : un véritable symbole d’espoir. Noah, lui, a perdu son père le 11 Septembre. Depuis, il cherche désespérément à savoir comment il a vécu ses derniers instants, convaincu que la réponse se trouve sur le célèbre cliché. Quinze ans plus tard, lorsque Noah s’aperçoit que Baby Hope travaille dans le même camp de vacances que lui, il y voit un signe du destin. Saura-t-il la persuader de se lancer à la découverte des secrets de ce jour où tout a basculé ?
☆ AVIS DE BELI ☆
Je suis très sensible à ce type de sujet, quand on aborde des faits réels qui ont touché le monde entier, j’apprécie l’idée de voir de quelles façons un auteur a pu l’introduire dans son texte. C’est ce qui a attiré mon intérêt pour ce roman, la référence au 11 septembre 2001.
A travers l’histoire de deux jeunes adolescents, alors qu’ils étaient tous petits lors des faits, Noah n’avait que quelques semaines tandis que Abbi allait fêter ses un an, nous allons appréhender l’histoire de multiples personnages. Ils ont tous été confrontés aux attentats du 11 septembre 2001, qui ont marqué nos esprits à jamais et vivent aujourd’hui, avec le poids de cet événement qui a changé leur vie, de bien des façons et nous découvrirons comment. C’est quinze ans plus tard, que nous les retrouvons, les enfants sont devenus des adolescents, les adultes ont eux aussi grandi avec ce souvenir poignant de cette journée fatidique.
Abbi et Noah vont faire connaissance lors de vacances d’été. Abbi a souhaité s’échapper de sa routine et de sa ville, pour fuir une popularité dérangeante et des moments dans ses amitiés difficiles. La situation pour elle était un peu tendue, et les changements qui se sont opérés récemment dans ses amitiés ont instauré une sorte de lourdeur dans sa vie. Elle décide donc d’être moniteur dans un camp de vacances auprès de jeunes enfants pour s’occuper et oublier tout cela. Abbi va fêter ses seize ans, ses parents sont séparés mais vivent encore très proches l’un de l’autre, ce qui permet à la jeune fille de profiter de l’un et l’autre sans soucis. C’est toutefois une jeune fille qui a toujours eu une vie particulière car lors des événements de 2001, elle a été très vite populaire avec la parution d’une photo, d’elle échappant à la première tour qui s’effondre, dans les bras de la jeune femme qui s’occupait d’elle à la crèche. Une jeune enfant rescapée de l’horreur, une image marquante et qui lui a conféré une certaine popularité qu’elle a du mal à vivre par moments, car beaucoup la catalogue comme Baby Hope et non plus en tant qu’Abbi.
Noah, est un jeune homme, plus jeune de quelques mois, une différence d’âge peu marquée mais qui, au moment où l’on évoque leur passé, prend tout son sens. Mais cela ne les empêche pas de partager des moments ensemble. Noah a été élevé par sa maman, son père ayant été l’une des victimes des attentats du World Trate Center. Il est, alors que nous faisons sa connaissance, un jeune homme fragilisé par la perte de ce père qu’il n’a pas réellement connu, il ne vit qu’à travers le souvenir qu’il a créé de lui. Mais les événements et les conditions dans lesquels toutes ces personnes sont décédés, ont occasionné bien des tourments dans la vie de ceux qui restent, et lors des inhumations des victimes, beaucoup ont du mettre en terre, un cercueil vide. C’est alors que la photo de Bay Hope devient l’élément central de l’histoire, car Noah est persuadé d’y reconnaitre son père dessus ! et que si Baby Hope et les autres personnes de cette photo sont vivants, pourquoi son père ne le serait-il pas ? Cette idée lui devient obsessionnelle, et elle le travaille tant, qu’il ne vit que dans l’optique de la découverte de la vérité : son père est-il cet homme de la photo ? Et pourrait-il être en vie ?
C’est ainsi qu’il va se rapprocher d’Abbi, et que sous prétexte d’écrire un article sur les survivants que l’on voit sur cette photo, il va lui demander de l’accompagner pour plus facilement les approcher. Abbi refuse, il n’est pas question, alors qu’elle fuit cette popularité d’en jouer pour parler de cet événement qui a changé la vie de tous. Mais Noah insiste lourdement et elle finira par céder, contrainte. Ce fut le point de départ de toute cette histoire : cette photo. Nous ferons la connaissance de ceux et celle qui furent les acteurs malgré eux d’une prise de vue de l’instant même où les victimes de l’attentat ont fuit pour vivre. Nous découvrons alors des histoires, bouleversantes, nous rappelant l’horreur de ce moment, à travers un homme, une femme, une famille, un vécu lorsqu’ils seront amenés à rencontrer l’une de ces personnes. L’histoire de Noah et Abbi, tout comme celles des personnages présents sur cette photo, eux restés anonymes au contraire de Baby Hope nous replonge dans ce jour où tout a basculé. L’impact que cela a eu sur leur vie se traduit de plusieurs façons : traumatisme physique, moral, maladie, changement de vie et tant d’autres encore. Nous découvrirons tout cela au fil des pages que nous tournons.
Si Noah recherche la vérité sur son père, Abbi vit des moments difficiles pour d’autres raisons, et elle tente de préserver ceux qu’elle aime et qui lui sont proches, au détriment d’elle-même. Mais cette enquête lui permettra de faire la connaissance de Noah, ce jeune homme qui semble tout autant perdu qu’elle, mais pour des raisons différentes. Leur vie nous sera dévoilée, nous apportant bien des informations sur eux, et nous permettant de comprendre ce qu’ils vivent à ce moment précis de leur vie, tout comme ce qu’ils ont vécu par le passé. Et ils vont finir par s’apprécier, par se rapprocher envers et contre tout, et leurs objectifs qui restent important pour eux, seront vécus différemment en raison des sentiments qui vont naitre entre eux, tout naturellement. Malgré ce rapprochement, qui rend les choses moins difficiles, il semble qu’ils soient toutefois contraints au temps qui passe et qui marque une temporalité lourde de sens et qui nous pousse à aller de l’avant dans la découverte de leur histoire et de tant de vérités sur ces inconnues que sont leurs interrogations. Cela donne un rythme au roman, nous avançons ainsi tout comme les personnages pour atteindre ce moment où ils sauront ce que le destin leur réserve.
Julie Buxbaum nous propose de lire son roman, sur une succession de très courts chapitres. Des chapitres qui alternent les points de vue des deux personnages principaux, et qui parfois suis une même scène ainsi découpée, pour que l’on puisse l’aborder selon leurs deux points de vue. Parfois les chapitres sont aussi là, sous ce format court pour nous informer d’un fait unique, qu’il est important de connaitre mais sans que toutefois il soit développé. Cette succession de courts chapitres est chose assez courante dans le traitement des romans Young Adult, qui procure à la lecture un rythme soutenu et une rapidité de lecture, lui donnant des informations avec un débit assez rapide. Par moments, cela perturbe un peu car on aimerait bien que cela soit plus développé mais on se rend compte que tout est fait pour que les informations soient proposées à un moment donné, pour ensuite revenir plus tard dans notre compréhension des faits.
Tous les personnages que nous découvrons sont intéressants. Que cela soit Abbi et Noah, jeunes et plein d’envies et d’espoir, que ceux qui les entourent, parents, grand-mère, ami(e)s, nouveaux comme anciens. Chacun d’eux a aussi un histoire, un vécu qui est lié ou pas à cet événement, ou tout du moins à leur position auprès d’eux. Il y a aussi ceux et celles qu’ils vont rencontrer et qui le temps de quelques pages, vont nous conter leur histoire de ce jour fatidique. Cela nous permet d’aborder bon nombre d’histoires, de comprendre bien des choses sur l’Après, qui se traduit de bien des façons. L’Avant de ces personnages, fut tout autre, et il n’a jamais plus été. Et le marquage temporel de l’Avant, du 11 septembre et de l’Après dans la vie de chacun confère à leur vie, un intérêt qui nous permet de tant en apprendre sur eux.
C’est très beau roman, qui aborde une thématique poignante mais de façon assez douce, même si l’évocation de chaque histoire des survivants qui ont tant perdu ce jour, reste touchante. On ne peut pas rester insensible à ce qu’ont vécu ces hommes, ces femmes et ces enfants, ceux qui sont restés en vie et qui ont subi cet événement, comme un impact traumatisant sur leur vie. Tout a basculé, tout a changé ce jour, alors que le ciel bleu et que le soleil étaient au rendez-vous, et que tant de vies ont été sacrifiées. Je suis comme beaucoup, marquée par cet événement, par l’horreur de ce jour, j’étais devant ma télé ce jour-là et je n’ai pas pu détacher mes yeux des images qui passaient en boucle. J’ai beaucoup aimé la proposition de Julie Buxbaum pour découvrir ses personnages et leurs histoires.
Le jour où tout a basculé
De Julie Buxbaum
Editions PKJ
Broché 365 pages
Sortie le 05/03/2020