Résumé :
Londres, 1939. Quand Ada Vaughan commence à travailler au sein d’un atelier de mode de Dover Street, la belle jeune femme rêve d’une carrière dans la haute couture. Et d’échapper ainsi à l’atmosphère familiale pesante. Impossible alors de résister à l’énigmatique Stanislaus von Lieben, un gentleman entreprenant qui lui propose un voyage à Paris. Mais, à la fin de leur séjour, la nouvelle tombe : le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Découvrez la destinée d’une héroïne inoubliable prise dans les tourments d’une des périodes les plus sombres de l’Histoire. De 1939 à 1948, de la splendeur du Savoy aux ombres du camp de concentration de Dachau, entre passion, drame et espoir, Ada tentera de survivre à l’enfer. Dans la lignée des romans d’Anthony Doerr ou de Victoria Hislop, déjà traduit dans dix-sept pays, De pourpre et de soie est un livre qu’on ne lâche pas jusqu’à son saisissant dénouement.
★ Merci aux Editions Préludes pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
« De pourpre et de soie », un titre qui convient si bien au récit de ce roman. Roman dans lequel on suit Ada, une très jeune femme qui va vivre les années de la seconde guerre mondiale, si difficilement.
Le récit nous offre donc une tranche de vie d’Ada, allant de 1939 à 1948. On la suit alors, partant de Londres, en passant par Paris, la Belgique puis l’Allemagne alors qu’elle a 18 ans au début de ce récit. Ada est une jeune femme ambitieuse, elle a un talent sûr pour la couture, pour la création car si elle manie très bien l’aiguille, elle créé aussi à merveille. La façon dont l’auteure nous parle des tissus et de ce qu’ils peuvent apporter à un vêtement est tout un art qu’Ada connait sur le bout des doigts. Le tissu prend vie à travers ses créations et c’est en ça que notamment le titre colle si bien à cette spécificité du personnage et à cette période qui n’est pas sans rappeler la cruauté des hommes.
Ce rapport au tissu et aux vêtements, cette passion qu’elle a, sont ce qui lui permettra de rester en vie durant ces longues années. C’est en ce point que la magie opère et que l’auteure a su nous retranscrire l’importance que ça revêt pour Ada. Les tissus deviennent ainsi des compagnons qui accompagnent Ada tout au long de son histoire.
Ada souhaite plus que tout monter sa propre maison de couture à l’image de Coco Chanel et jamais ce rêve ne l’abandonnera, même dans les moments les plus critiques de sa vie. A 18 ans, elle s’amourache d’un homme Stanislaus, on est alors en 1918, le climat en cette veille de guerre est très tendu mais Ada ne peut pas croire que celle-ci peut avoir lieu, perdue alors par les sentiments qu’elle éprouve et les promesses de cet homme. Elle le suit en toute innocence à Paris pour un séjour idyllique, et ce contre l’avis de tous ses proches. Paris pour une jeune femme comme elle, c’est le rêve, c’est la ville de la création, de la mode.
Seulement voilà la guerre est déclarée et elle se retrouve si loin de chez elle. C’est alors qu’elle découvrira que Stanislaus n’est pas cet homme bon et aimant qu’elle pensait connaitre. Débute alors une fuite et l’incapacité de retourner chez elle et l’abandon. Elle sera très vite fait prisonnière des allemands et elle passera de longues années à leur service, n’ayant guère le choix que de survivre au mieux dans l’espoir que la guerre finisse et qu’elle puisse rejoindre sa famille à Londres.
Les années de guerre seront longues et pénibles et si certains pensent qu’elle a eu de la « chance » dans son malheur, certes d’autres ont souffert plus qu’elle, elle a toutefois passé toutes ces années, seule et privée de liberté sous le joug d’allemands plus hautains, exigeants et cruels les uns que les autres. Souffrant ainsi de bien des façons, tant de la faim que de blessures physiques et par bien des aspect de conséquences psychologiques nombreuses. C’est son talent pour la couture qui lui permettra de survivre et de ne pas mourir comme beaucoup de prisonniers, mais au prix de longues années perdues alors qu’elles auraient du être de belles années. Ada va grandir avec l’espoir de rentrer chez elle mais aussi avec celui de retrouver un être cher, c’est ce qui lui permettra de ne pas décider d’en finir.
L’après guerre n’épargnera pas pour autant Ada, qui va continuer de souffrir. Ses mauvaises rencontres et les choix qu’elle fera, certainement dus à une grande naïveté et une confiance bien mal placée la mèneront vers des chemins semés d’embuches. C’est un récit qui nous prend aux tripes, j’entends par là que l’on éprouve bien des sentiments en lisant ce qui arrive à Ada. On éprouve beaucoup de peine et de tristesse, face à cette période cruelle qui a vue tant d’atrocités et on imagine bien cette jeune femme, loin de chez elle, livrée à elle même, sans réellement avoir conscience de ce qui se passe derrière les murs qui la retiennent prisonnière. Elle n’a qu’une solution : survivre, elle ne fait pas partie de ses héroïnes de guerre qui sauvera des vies, elle n’aura qu’à s’occuper de la sienne mais cet isolement auquel elle sera contraint est bien déstabilisant.
Le récit peut paraitre avoir quelques longueurs, mais ça n’est pas ainsi que je l’ai ressentis. On se met véritablement dans la peau d’Ada, nous sommes Ada en lisant ses lignes et on a du mal à lâcher l’histoire de presque dix ans de sa vie pour savoir de quelle façon elle va s’en sortir. Le fait d’une narration unique et constante en compagnie d’Ada nous permet de bien la connaitre. On devient spectateur, sans pouvoir toutefois la guider et lui dire qu’elle commet des erreurs car le lecteur va voir ce qu’elle, par naïveté, ne verra pas de suite et on imagine assez bien les conséquences. En refermant le livre, on est songeur, se demandant alors qu’elle aurait pu être sa vie si elle n’avait pas décidé de se laisser guider par son coeur et ses rêves, même si sa passion a pu l’accompagner durant toutes ces années…
« De pourpre et de soie » de Mary Chamberlain
Editions Préludes – le 06/04/2016 : 441 pagesNOTE : 4/5