Résumé de l’éditeur :
Un roman drôle sur un sujet sensible : le harcèlement scolaire. Afin d’enquêter sur le sujet, Thalita Rebouças a fait appel à ses jeunes lectrices sur les réseaux sociaux, et plus de 5 000 d’entre elles ont participé et livré leur expérience.
Décidément, plus rien ne va dans la vie de Teanira. Elle devait déjà supporter son prénom étrange, sa famille envahissante et son monosourcil gros comme une chenille…mais depuis que son père a été licencié et qu’ils ont dû déménager chez les grands-parents de Teanira, elle va devoir reprendre sa vie à zéro.
Nouvelle élève dans un lycée où elle ne connaît personne, Teanira est persuadée que tout va très mal se passer. En même temps, dans son ancienne école, tout le monde se moquait d’elle et de ses chagrins d’amour…
Mais cette année sera celle d’un nouveau départ, celle où elle se fera finalement des amis ! Enfin, ça, c’est ce qu’elle espère… ou bien est-elle vouée à la solitude éternelle ? Dans tous les cas, ce qui est sûr, c’est que Teanira est (un peu) drama-queen !
★ Merci aux éditions Michel Lafon pour ce SP ★
L’auteure nous propose ici un roman qui tourne autour du thème du harcèlement scolaire. C’est d’une façon très légère que l’idée est abordée avec une héroïne un peu folle que nous allons suivre tout du long de ce roman. A la manière d’une confidente, elle nous livre tout ce qu’elle vit et ressent, nous avons accès à tous ces moments qu’elle partagera avec nous. Le texte est plutôt dynamique, tentant d’aborder un sujet grave de façon attrayante, mais tout en respectant l’impact que cela peut avoir sur les jeunes qui subissent ce harcèlement.
Les années lycées, quinze ans, ces années où chacun tente de s’affirmer et de s’assumer, comment aborder ces années quand on a passé de longs moments d’humiliation constante ? de critiques ? de reproches ? Teanira – oui c’est bien son prénom, elle vous expliquera pourquoi – a toujours été harcelée, pour son physique d’abord puis pour tout ce qui accompagne ce physique dirons-nous mal apprécié. Elle n’a donc plus fait d’efforts, elle subit, n’a pas d’amis, pas d’envies et ceux qui l’entourent s’inquiètent. On la découvre alors qu’elle satisfait sa mère en consultant un psy, et on apprend de suite à la connaitre, avec sa façon de tout déballer, en analysant chaque donnée et chaque pensée. Elle est à la fois fataliste, mais aussi je m’en foutisme bien que l’on sait qu’il est vraiment difficile de rester insensible à des remarques négatives.
Teanira arrive dans un nouvel établissement où elle ne connait personne, une remise à zéro. Elle se dirige d’emblée vers celui qui est isolé des autres, et c’est ainsi que l’on découvre les populaires de ceux qui ne le sont pas. Elle s’affiche avec l’un d’eux et cela ne lui pose pas de problème, d’autant plus que le feeling passe plutôt bien. Après ce premier instant, tout s’enchaine, un premier contact, puis un deuxième un peu fou, pour finir par Le garçon, celui qui va faire battre son coeur, et qui sort avec la peste de service. Cliché !? Oui, mais logique aussi, les populaires sortent avec les populaires, jusqu’à ce que cela change, mais ça, cela n’arrive pas de suite et faudra passer par plusieurs étapes pour cela. Mais en tout cas, cette nouvelle rentrée s’annonce plus propice au bonheur que prévu et Teanira va pouvoir vivre quelques instants intenses et agréables, malgré les remarques et méchancetés de certaines.
Si l’héroïne m’a parfois agacée par son comportement impulsif, dans ces moments où elle prend la parole sans filtres, et que l’on se dit alors qu’elle en tient tout de même une sacrée couche pour sortir pile poil au moment où il ne faut pas, ce qu’il ne faut pas, je dirai que ces moments m’ont aussi fait un peu sourire, car la pauvre tout de même. Heureusement l’humiliation ne tue pas, et elle aura un peu de chance en finissant par faire la connaissance de quelques personnes qui sauront être d’une bonne écoute pour elle et de fidèles amis. Jusque là Teanira qui se fait appeler Tehé n’a jamais eu la chance d’être bien entourée. Elle a vécu toutes ses années scolaires sous le joug des multiples harcèlements de ses « camarades » et ce changement qui s’opère dans sa vie avec ce nouvel établissement scolaire sera pour elle l’occasion de repartir de zéro. Elle va ainsi s’épanouir, par le changement et l’acceptation de soi.
La pauvre héroïne que nous allons suivre, est tout de même bien mal lotie au départ, sa description lui attribut toutes ces petites choses que l’on qualifie de défauts et qui sont redoutables pour se sentir bien dans sa peau (pilosité, boutons, problème dentaire, surpoids…). Alors forcément elle va attirer bien des remarques désobligeantes, rien qui ne puisse l’aider à se sentir bien, mais c’est sans compter sur Zeca, ce nouvel ami plein d’entrain, il ne lui cache rien de ses défauts mais il se propose aussi de l’embellir car il est toujours possible de se sentir mieux dans sa peau, après un bon coiffeur, une épilation ou que sais-je encore, toutes ces choses à portée de main. Disons qu’elle avait tendance à se laisser aller, à ne pas faire d’efforts et il suffit de peu pour se sentir tout de suite mieux dans sa peau. Alors à la façon de Pretty Woman, la voilà entrainer dans une spirale de choses qu’elle n’aurait jamais pensé faire pour se sentir mieux, et cela fonctionne !
Dans ce récit on apprécie découvrir les autres personnages, ceux qui vont venir former son nouveau petit monde, elle qui a toujours été solitaire et mise de côté. En fin de compte, elle a su bien s’entourer, de personnes fiables, honnêtes mais sans préjugés, ni jugement et qui subissent aussi ce rejet des autres, que la société engendre avec des canons à respecter. On est embarqué par la dynamique d’un Zeca, qui lui aussi n’a aucun filtre et lui dit les choses telles qu’elles sont mais avec aucune intention de lui nuire mais au contraire d’être présent pour elle. On suit les émotions de la jeune fille face au beau garçon populaire, et on découvre ceux qui la verront différemment de l’image qu’elle a d’elle. Le tout est englobé dans le contexte lourd du harcèlement, qui la suit et la percute toujours autant, bien qu’elle sache plutôt bien y réagir. Si l’auteure fait en sorte de nous offrir une héroïne plutôt assez forte, l’impact de ce qu’elle vit est toutefois bien représentatif de l’ampleur que peu prendre un harcèlement scolaire et elle devra passer par bien des phases pour que son opinion d’elle-même ne change et s’améliore.
Un petit roman qui s’adresse à un jeune lectorat dans lequel certains se retrouveront, par rapport aux remarques que les jeunes ne peuvent pas s’empêcher de se lancer sans penser à l’impact que cela peut avoir. On y a parfaitement conscience de ce que provoque le harcèlement scolaire, mais tout y est abordé avec légèreté et pas de façon dramatique. C’est une façon originale et sympathique d’aborder cette thématique grave qui peut avoir bien des conséquences sur ces jeunes personnes qui subissent toutes ces humiliations, alors qu’elles sont dans l’âge de la construction de leur personnalité. Le texte est entrainant, parfois un peu fou, si on n’y adhère pas totalement, c’est aussi qu’il faut être le public visé : les jeunes adolescents mais cette héroïne est pleine de surprises, et on peut dire que l’on ne s’ennuie pas auprès d’elle.
Confessions d’une fille invisible, rejetée et (un peu) drama-queen
DeThalita Rebouças
Editions Michel Lafon
Broché 286 pages
Sortie le 13/01/2022