Résumé de l’éditeur :
Je m’appelle Prune. J’ai quatorze ans et quatre mois. Je suis hypersensible, rousse et accro aux listes. Je suis en internat depuis le mois de septembre, car je ne supportais plus de vivre avec mes parents et mes sœurs jumelles de cinq ans. Je ne le sais pas encore, mais dans quelques jours, ma vie va basculer. Pas besoin de s’appeler Einstein pour deviner qu’il y aura un avant et un après et que l’enquête que je mènerai pour comprendre m’apportera plus que la vérité.
Un roman touchant et universel sur la famille, l’amitié et l’amour, porté par des personnages justes et attachants et une écriture pleine d’émotions.
★ Merci aux éditions Charleston pour ce SP ★
Lecture pour le Prix Charleston Poche sélection 2024
Dans le cadre du prix Charleston Poche, j’ai l’occasion de découvrir quatre romans qui sortent au format poche dont C’était un accident. C’est un roman que j’avais déjà remarqué mais que je n’avais pas eu l’occasion de lire, tout comme les trois autres. C’est chose faite, je vous en parle ci-dessous. Le titre de ce roman, la couverture tout comme le résumé étaient annonciateurs d’un événement traumatisant dans la vie de l’héroïne de ce roman. Autant vous dire que l’on spécule beaucoup quand on a si peu d’indices, je dirai même que l’on a peur de ce que l’on va découvrir.
Prune est une adolescente de quatorze ans, une jolie jeune fille rousse qui vit très mal le fait d’être rousse, de s’appeler Prune en prime, et de bien d’autres choses encore. Ce sont là des tas de choses auxquelles les adolescents pensent, et qui leur rendent la vie si difficile parce qu’il est difficile d’être confronté aux remarques des autres. Si Prune se sent mal dans sa peau, elle ne se confie guère et garde beaucoup de choses en elle. Elle est scolarisée dans un établissement en internat et rejoint sa famille pour les vacances et les week-ends. Mais toujours à reculons, en effet on dirait qu’ils n’en ont que pour ses deux soeurs jumelles, et ses parents semblent être bien loin de se préoccuper d’elle, enfin c’est ainsi qu’elle le ressent. Prune est discrète, peu expansive, ne souhaitant pas attirer l’attention sur elle – vous comprendrez, elle est rousse – et n’a que peu d’amis. Elle s’est fait une amie à l’internat, Addison, la seule et elle compte beaucoup pour elle, et elle a le béguin pour un garçon “cool » et populaire, Lucas, qui semble bien l’apprécier aussi mais elle ne sait pas trop car il semble jouer au chaud et au froid. Voilà en quoi se résume ses connaissances.
Nous la découvrons ainsi lors de ces moments en famille, ou à l’internat, mais aussi à travers des listes. Prune adore faire des listes sur tout ce qui lui passe par la tête et plus encore des sujets sérieux qui lui tiennent à coeur qui finiront eux aussi sur une liste. Un bon moyen de poser et d’analyser ce qu’elle pense : pourquoi c’est dur d’être rousse ? pourquoi elle apprécie Lucas ? et bien d’autres encore. Tout du long du roman, on découvre des listes qui nous permettent d’en apprendre plus encore sur sa personnalité et ses pensées, un peu comme la lecture d’un journal intime où elle se confie sur ce qu’elle vit et ressent, ne pouvant guère se confier à ses proches.
C’est dans cette vie un peu bancale qu’un drame va surgir, il aura suffit d’un accident. Il suffit en effet souvent d’une minute pour que tout change ! mais ce moment va venir déstabiliser la jeune fille qui se posait déjà bien des questions sur la vie. Là, la vie lui arrache une partie d’elle, et elle se posera alors encore plus de questions. Face au drame, le silence est souvent d’or, ne pas en parler peut contribuer à moins souffrir et à oublier, mais Prune ne comprend pas et elle veut savoir. Pourquoi ? pourquoi cet accident ? Que s’est-il passé ? En effet, savoir peut en fin de compte apporter un certain réconfort, ou tout du moins permettre à ceux qui restent de ne pas avoir à se questionner sur le pourquoi du comment, qui laisse envisager tant de scénarios possibles. Prune veut savoir.
C’est alors que la dynamique de sa vie change elle aussi. Elle a perdu quelqu’un, mais au delà de cela, c’est aussi l’attitude des autres qui changent. Certains qui lui étaient proches vont s’éloigner, la laissant dans une attente sans réponse de sa part un peu incompréhensible, tandis que d’autres vont se rapprocher. En effet, elle va retrouver un ami qui a toujours fait partie de sa vie, mais qu’elle voyait moins et si les autres vont la fuir, lui sera là pour l’écouter. Cette présence amicale sera réconfortante, et elle lui permettra de répondre à ses questions, car tout va évoluer pour que cela aille dans ce sens. Et c’est ainsi que perdue, Prune retrouvera ce chemin vers une possible reconstruction d’elle-même.
Ce roman, c’est l’histoire d’une jeune adolescente face à elle-même, face à ce qu’elle représente dans ce monde. Il y a l’avant, plein de questions sur soi-même et l’après où le manque cruel et l’absence de réponses à ses questions prennent tant de place quand viennent s’en ajouter d’autres sur le comment ! Le comment et le pourquoi de perdre ainsi une partie de soi, et ne pas savoir comment le vivre. C’est une beau roman, plein de beaux messages, il vous touche profondément, impossible de ne pas se sentir concernée par la détresse de cette jeune fille. On comprend ce qu’elle ressent et on constate de nous même que certains ne sont ceux qu’elle croyait, et c’est en grandissant que l’on se rend compte de l’importance de ceux qui vous sont proches. Je découvre la plume de l’autrice avec ce roman avec lequel j’ai passé un agréable moment plein de belles émotions.
C’était un accident
De Isabelle Lagarrigue
Editions Charleston
Poche 221 pages
Sortie le 10/01/2024