C’est en réponse à l’invitation de mon partenaire Kennes Editions que je me suis rendue à la rencontre organisée par Babelio avec Martin Michaud lors de son passage en France. Pour la sortie de son livre « Violence à l’origine » le 16 février 2016.
martin michaud et la violence à l’origine
Retrouvez ma chronique « La violence à l’origine » en cliquant sur la photo de la couverture ci-dessus.
« La violence à l’origine » a déjà été publié au Québec en 2014, mais c’est Kennes Editions qui le publie en Europe avec cette magnifique couverture.
LA NAISSANCE D’UN ROMAN
Ce sont un peu les faits d’actualité qui ont permis la naissance de ce roman. Montréal, où réside l’auteur, est comme toutes les grandes villes sujette aux affaires de disparitions, kidnapping et plus encore. Des affaires comme la disparition de cinq jeunes femmes de bonnes familles qui a monopolisé la population, quatre seront retrouvées. On parle alors de séquestration, proxénète, de jeunes femmes subissants jusqu’à plus de 40 viols par jour… les faits sont là, véridiques et touchent alors tout le monde ! L’auteur, père lui même, fut choqué de découvrir ce que des jeunes femmes pouvaient subir. Il va alors effectué des recherches et se rendre compte que bon nombre d’affaires similaires existent.
Les recherches
Lors de ses recherches, Martin Michaud accumule énormément de matériel, se constituant une revue de presse. C’est une véritable enquête qu’il mène pour s’appuyer sur des faits qui se tiennent et qui vont venir servir de point de départ à son histoire, qu’il brodera autour d’une idée tirée de ses recherches. Le scénario du roman prend forme autour de sa documentation.
Il a fait de nombreuses recherches auprès d’un professeur de philosophie, un thème longuement abordé dans le roman, afin d’approfondir ses connaissances dans ce domaine et d’utiliser à bon escient les données que ce sujet permet d’aborder. L’évocation de la pièce noire image bien la part de ténèbres en nous, celle que tout un chacun nie mais qui par une pensée, si ce n’est un acte est présente en chacun.
Ses personnages
On y retrouve Victor Lessard, le personnage central de son roman, autour duquel tous les autres vont s’articuler. L’une des particularité qui est appréciable, c’est que l’on a le point de vue de bon nombre de personnages du roman.
S’il se base sur des faits réels pour ces recherches, les personnages sont eux tous sortis de son imagination. Certains peuvent toutefois être bien inspirés de personnages réels, comme par exemple ici un de ces personnages qui souffrira atrocement, l’écriture permet de faire souffrir sans conséquence réelle des êtres qui ont fait subir des atrocités à d’autres.
Les personnages reflètent souvent une part de l’écrivain, c’est aussi un moyen à travers leurs actes et les conséquences de faire passer un message à ses lecteurs, sans toutefois imposer une idée mais seulement donner son ressenti sur certains faits.
La figure emblématique du Père Noël relate un peu cette part de peur d’un personnage tant adulé, comme quand les enfants sont forcés par leurs parents de prendre une photo avec cet homme barbu qui va vous prendre sur ses genoux alors que même si c’est le Père Noël, vous ne le connaissez pas. C’est de l’autodérision.
La rhétorique du Père Noël suggère ainsi le bien pour cacher le mal.
L’auteur en nous présentant ses personnages nous laisse toutefois une grande liberté de pensée : on peut prendre en pitié certains, comprendre les actes d’autres qui ont souffert par le passé. On ne porte pas de jugement mais on y pense, qu’en serait-il dans la vraie vie ? Ici le roman, qui reste quelque chose de fictif nous permet d’avoir une opinion sur les agissements de chaque personnage.
Sa ville : Montréal
L’action se situe encore dans sa ville, Montréal. Pourquoi ? Quel est le meilleur moyen de rendre réelles des situations si ce n’est en évoquant des lieux que l’on connait très bien ? L’action pourrait se situer ailleurs bien entendu mais elle reste plus facilement encrée à Montréal car il connait bien sa ville. L’image qui ressort de la ville a un côté un peu glauque, cela reste une grande ville, capable du bien comme du mal.
La construction du roman
Chaque roman est un travail à part entière, ici la proposition de commencer par le chapitre 48 au coeur même de l’action, pour ensuite enchainer sur le chapitre 1 était une démarche instinctive, cela coulait de source, ça n’était pas réfléchi, ça collait juste bien à l’intrigue. C’est une technique souvent utilisé au cinéma et ici la scénarisation du roman s’y portait.
Martin Michaud écrit ses scènes importantes qu’il développe indépendamment, son travail consiste ensuite à « trouver le bon chemin pour relier tous les blocs ensemble ». L’idée générale est prédéfinie à l’avance, mais parfois de « beaux accidents » en cours de route peuvent s’avérer intéressants dans la conception de son histoire, proposant des chemins additionnels.
Martin Michaud, avocat d’affaire au Québec écrivait déjà alors qu’il pratiquait sa profession. Seulement il n’était pas publié, deux livres refusés sur quinze ans, alors il a beaucoup lu de romans policier (de Henning Mankel, Georges Simenon). Puis un soir, alors que sa machine vient à planter, il a tout perdu – il la confie alors à un technicien qui lui récupère des données sur un unique cd, parmi elles des idées sur un personnage notamment Victor Lessard. Serait-ce un signe ? Pourrait-il écrire un roman policier alors que cela lui paraissait impossible ?
Une éditrice finit par voir le potentiel qu’offre ce premier roman, parlant alors d’un deuxième… le synopsis du deuxième voit le jour alors très rapidement alors qu’il n’y avait pas encore pensé. Martin Michaud a su saisir sa chance et aujourd’hui Victor Lessard compte déjà quatre aventures. C’est ainsi qu’il a stoppé sa carrière d’avocat pour se consacrer à l’écriture.
« Violence à l’origine » est le quatrième tome sur le personnage de Victor Lessard, trois autres romans sont déjà parus. Ils traitent tous de sujets délicats qui font souvent référence à des faits d’actualité.
Dédicace
J’ai découvert là un auteur que je ne connaissais pas que j’aurai plaisir à lire de nouveau. Son roman « Sous la surface » m’attend d’ailleurs dans ma bibliothèque ! Merci aux Editions Kennes de m’avoir permis de le découvrir.
Un auteur sympathique, proche et à l’écoute de ses lecteurs. Rdv à la prochaine sortie !
Martin Michaud c’est aussi…
En dehors de la série sur Victor Lassard, retrouvez-le dans quatre autres romans (couvertures peuvent être différentes des publications au Québec et en Europe).
☆ BELI ☆
Martin Michaud
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