Résumé de l’éditeur :
Ma première histoire d’amour a connu une fin tragique. Ma deuxième a commencé avec son frère.
Je n’étais pas censée être sur ce toit le jour de la Saint-Valentin. Pas plus que Kellan Marchetti, le monstre désigné de l’école. Quand nous nous sommes rencontrés, nous étions sur le point de mettre fin à nos vies. D’une manière ou d’une autre, les fils en lambeaux de nos tragédies se sont emmêlés et resserrés pour former un lien improbable. Nous avons décidé de ne pas faire le grand saut et nous avons accepté de prendre des nouvelles l’un de l’autre chaque jour de la Saint-Valentin jusqu’à la fin du lycée.
Même heure.
Même toit.
Deux âmes tourmentées.
Nous avons tenu notre promesse pendant trois ans.
La quatrième année, Kellan a pris une décision et j’ai dû en assumer les conséquences.
Alors que je pensais que notre histoire était terminée, une autre a commencé.
On dit que toutes les histoires d’amour se ressemblent et ont un goût différent.
La mienne était venimeuse, honteuse et marquée de cicatrices écarlates.
Je m’appelle Charlotte Richards, mais vous pouvez m’appeler Venom.

 ★ Merci à Hugo New Romance pour ce SP ★

J’ai choisi de lire ce roman car j’ai trouvé l’idée assez originale. Le fait même de démarrer ce roman autour de jeunes personnages qui pensent au suicide suscite déjà un intérêt certain, on s’imagine bien alors que leurs vies ne devaient pas être faciles. L’idée du grand frère prend alors un sens bien différent de ce que l’on a l’habitude de lire.

Venom, on pense souvent au comics alors, venom veut dire venin. Le venin est une substance toxique sécrétée par des animaux qui s’en sert pour se défendre, le venin représente aussi au figuré, la haine. Venom est donc l’idée de quelque chose de mauvais qui s’insinue et peut faire du mal. Déjà dans le titre, on peut lire tant de choses et en supposer d’autres, il colle assez bien à l’univers proposé dans ce roman.

Nous débutons l’histoire avec deux jeunes personnages, ils ont 14 ans quand ils vont faire connaissance. Tous deux se rencontrent sur le toit du lycée, tous deux y sont montés dans l’idée de mettre fin à leurs jours. Ce n’est pas une idée en l’air, ils y ont murement réfléchi et ils ne conçoivent plus de maintenir ainsi leurs vies. Les premiers chapitres seront consacrés à leurs premières années et leur rendez-vous annuel, pour se rappeler de ne pas passer à l’acte. Jusqu’à cette dernière année où Kellan, après quatre années finit par sauter du toit, laissant Charlotte encore plus démunie qu’avant.

Ce qui fait la force de ce roman, c’est leur histoire. C’est l’importance que chaque personnage a dans leur vécu. On explore quelques sphères psychologiques des conséquences de quelques traumatismes, tant chez ceux qui ont vu leur vie changer que les autres. J’ai beaucoup aimé l’intérêt que l’on porte à tous les personnages, pas seulement aux deux principaux qui font le couple que nous allons suivre mais à ceux qui font leur vie. De couple d’ailleurs, il est difficile durant un long moment d’en parler ainsi, c’est assez intéressant. Ils oeuvrent l’un et l’autre pour Kellan, et tentent de se trouver eux-même au passage, en se demandant s’ils ont le droit d’être, et plus encore d’être ensemble.

Charlotte a vécu un moment dramatique qui a laissé un sentiment profond de culpabilité, et un vide profond en elle quand elle a perdu ses parents et que sa soeur lui en veut tant pour ce qu’il s’est passé. Depuis elle s’accroche à la vie, difficilement mais elle espère un jour que tout pourrait rentrer dans l’ordre, et en attendant elle essaye de réaliser son rêve de bosser dans le monde du livre. Elle est jeune, passionnée mais en fin de compte, elle est aussi très seule, et ce plus encore depuis que Kellan n’est plus. Le vide autour d’elle est assez flagrant, on ne parle pas d’amis, mais seulement de ce qu’il lui reste de famille, et c’est impressionnant de voir comment les quelques personnages de son entourage occupent une place si importante dans sa vie. Elle est jeune comme je le disais et elle a encore tant à découvrir, et pourtant elle fait aussi preuve d’une certaine maturité dans sa façon de vivre les choses.

Tate est plus âgé que son frère Kellan, et ainsi aussi de Charlotte. Issu d’une union précédente, il était le demi-frère de Kellan. Leurs rapports ont toujours été conflictuels et ils n’ont jamais trouvé la façon dont ils pourraient s’entendre l’un et l’autre, leur père a joué un rôle certain dans la façon dont l’un et l’autre allait se comporter et n’a pas joué son rôle comme il aurait du, Tate a fait ce qu’il pouvait alors. Tate est un homme au charisme impressionnant, il intimide, il domine, il est pourvu d’une certaine froideur et a un comportement parfois peu engageant. Nous le découvrirons ici dans une position dominante mais aussi dans l’attaque, puisqu’il cherche à savoir qui était Kellan et pourquoi il en est arrivé à mettre fin à ses jours. Il est perdu et cherche désespérément des réponses et cette jeune femme semble être la seule à pouvoir les lui donner, et pourtant il aimerait pouvoir la fuir, tant elle reste une attraction si tentante.

Kellan est le personnage central de ce roman, et nous pourrons ainsi le découvrir à travers Charlotte, Tate ou son père, mais plus encore nous pourrons le découvrir à travers ses écrits. Il a laissé quelques écrits dont un manuscrit de leur histoire, et à la lecture de celui-ci, il met les mots sur ce qu’il a pu vivre et ressentir avant de les quitter. On vit à travers la culpabilité de chacun de ne pas avoir pu l’en empêcher. On explore les sphères de ces jeunes personnages qui vivent un mal être profond qui les pousse à ne plus pouvoir continuer de vivre. C’est brut et choquant, mais c’est ainsi et je dois dire que cela reflète assez bien le malaise de cette société qui porte des jugements sur chaque personne sans réellement savoir qui elles sont. On évoque aussi ceux qui restent, et ce profond sentiment qui les anime, au delà de la culpabilité, le fait de ne pas savoir exactement “Pourquoi ?“ quand celui qui part ne laisse pas de traces concrètes sur la raison qui les a poussé à faire cela. C’est un grand vide qu’ils laissent dans la vie de ceux qui restent et une interrogation constante, une remise en question et une conséquence psychologique forte et déchirante. Mais Kellan leur a laissé bien des choses à découvrir.

La relation entre Charlotte et Tate est un peu malaisante, est-elle malsaine ? peut-être, elle pourrait être qualifiée ainsi mais on pourrait aussi la considérer autrement ! ce qui toutefois m’a profondément gênée, c’est une scène en particulier, je pense que pour beaucoup elle le sera, gênante. Ce sur quoi je m’interroge au delà du fait qu’elle puisse être dérangeante, c’est pourquoi avoir écrit et décidé de faire cette scène, quel en est l’intérêt pour l’histoire ? J’ai beau réfléchir, je n’en vois aucun et cela me perturbe peut-être plus que la scène en elle-même. Il y a un côté déplaisant qui peut incommoder à les lire tous deux, car leur relation se veut ainsi dérangeante, et c’est aussi ce qui fait il me semble la marque de fabrique de l’autrice, si je m’en refaire au résumé d’autres de ses romans. La façon dont cela se passe en eux fait aussi l’intérêt du livre, et à part cette scène j’ai trouvé le reste fort intéressant, j’ai adoré les lire et surtout les lire dans le contexte autour de Kellan et de ce qu’il représentait pour chacun d’eux.

Voilà un roman assez fascinant, très sombre tournant autour de personnalités marquées par des traumatismes de vie, il vous embarque ! Il est assez conséquent, plus de 600 pages et à part quelques courts passages un peu longs, j’ai trouvé l’idée très originale et en cela, j’ai été assez prise par leur histoire. Il en dérangera plus d’un, moi-même ayant été aussi un peu gênée par moments, mais il reste prenant et fort intéressant. Je suis allée au delà de ce moment, et j’ai trouvé attrayant de les suivre à travers un manuscrit, des messages, une approche, des moments de complicité tout comme à travers toutes ces émotions qui les assaillent. De les voir ainsi tout du long s’interdire l’idée même d’être heureux, de les voir passer ce cap de laisser le passé derrière eux et tout ce qui l’accompagne est vraiment très captivant.

Je découvre ici la plume de Parker S. Huntington, on sort un peu des sentiers battus avec son histoire et j’ai bien aimé cela. Je crois que j’ai adoré bien des aspects de son récit, et il m’a touchée de bien des façons en évoquant des sujets forts et poignants. Un autre de ses romans sort en juin, elle s’y associe à la plume de LJ Shen, à mon avis, ces deux-là ensemble, ça doit valoir le détour, je suis curieuse de la lire de nouveau. Je pense bien me pencher plus encore sur ses romans, voir si l’on retrouve ce côté malaisant dans les relations de ses personnages dans d’autres de ses écrits, surtout pour que cela finisse aussi bien qu’ici.

Darling Venom
De Parker S. Huntington
Editions Hugo Publishing
Collection New Romance
Broché 641 pages
Sortie le 15/05/2024

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