Résumé de l’éditeur :
Dans la Pologne occupée par les nazis, Sofia ne peut plus regarder son père dans les yeux. Il vient de conclure un sinistre marché avec les SS en acceptant de travailler comme médecin à Auschwitz. En échange, sa femme et sa fille, qui sont de confession juive, auront la vie sauve. Un jour, Sofia aperçoit des prisonniers envoyés depuis le camp pour travailler dans la ferme familiale. Parmi eux, il y a Isaac, un garçon de 18 ans, le même âge que Sofia. Du lever au coucher du soleil, il laboure la terre, au milieu des coups de feu qui déchirent la campagne. Le jeune homme est terrorisé et pense que chaque jour sera le dernier. Alors quand Isaac voit Sofia, une belle jeune fille aux cheveux bruns, cela ressemble à un rêve. Peu à peu, en secret, ils se rapprochent et Sofia promet de tout faire pour l’aider à survivre. Mais dans une époque où le quotidien est un cauchemar, les bonnes intentions ne suffisent pas…
Un grand roman sur la force des sentiments.
★ Merci à City éditions pour ce SP ★
Vous le savez déjà, je suis une passionnée – bien que ce mot me gêne un peu – de la seconde guerre mondiale. Depuis l’adolescence, je lis tout ce que je peux sur cette période et je reste toujours autant à l’affut du moindre récit et des informations sur ces années de guerre que l’on y découvre. La question que beaucoup se posent, c’est comment peut-on inclure une romance dans de tel récit ? Si ces hommes et femmes ont survécu, c’est grâce à bien des qualités qui les honorent : la persévérance, le courage, la rage de vivre et l’espoir qu’un jour meilleur viendra. Les émotions sont mises à rude épreuve, mais le coeur de ces hommes et femmes a continué de battre, et se raccrocher à l’amour leur sera salutaire, que cet amour soit pour sa famille, ou encore une personne qui deviendra votre essentiel le temps de ces moments si difficiles qu’ils vont vivre.
C’est en Pologne que le récit de cette histoire va se dérouler. Nous y découvrirons trois personnages qui seront les narrateurs de cette histoire, dont les deux personnages principaux plus encore que le troisième. Nous débutons ce récit en 1941, la Pologne subit déjà le joug des nazis, et les juifs ont déjà souffert de cette présence dans leur pays. D’un côté, nous suivrons Izaac qui vit avec ses parents et sa jeune soeur Olivia, au coeur du ghetto de Varsovie. Puis de l’autre, nous ferons la connaissance de Sofia qui vit avec ses parents dans une ferme d’Oswiecim, qui n’est autre qu’Auschwitz (traduction allemande de la ville). Du ghetto de Varsovie à Auschwitz, il n’y a qu’un pas quand on prend en considération le peur d’espoir d’échapper aux nazis pour les juifs. Les débuts de ce roman nous content les conditions de vie des deux familles.
L’une est parquée dans un ghetto, où il est déjà très difficile de vivre décemment, et les juifs perdent petit à petit tout espoir de s’en sortir, étant confrontés aux allemands qui n’ont pas une once de pitié ou de considération pour eux. Izaac n’a que seize ans en 1941, tandis qu’Olivia, sa soeur est encore plus jeune, elle avait 10 ans quand la guerre a été déclarée. On porte un regard particulier sur ces personnes qui très jeunes vont se voir enlever une partie de leurs jeunes années qu’elles ne pourront jamais rattraper. La survie devient ce leitmotiv pour ne pas sombrer, alors que déjà ils vivent de privations, dans des conditions exécrables et inhumaines. Tandis qu’Olivia reste auprès de sa mère, cachés dans les bas-fonds de ce ghetto, Izaac sort chaque jour avec son père pour aller nettoyer les rues des nombreux juifs morts de ces conditions de vie. Ils risquent chaque jour de mourir eux aussi, mais ils ne peuvent pas s’empêcher d’agir, jusqu’à ce moment où le peuple juif se rebelle et que tout change pour la famille d’Izaac.
La famille de Sofia est mieux lotie, si l’on peut dire les choses ainsi. Sofia et sa mère sont juives mais elles font parties de ce que l’on appelle les familles “privilégiées“ parce que leur père ne l’est pas. Son statut de docteur lui permettra ainsi de préserver sa femme et sa fille de la déportation, en enseignant aux médecins allemands. Si cette initiative déplait à Sofia et sa mère, son père n’hésite pas à tout risquer pour les sauver. Elles peuvent ainsi rester vivre au sein de leur ferme qui jouxte le camps d’Auschwitz. Elles vivent dans la peur certes mais épargnées par ce que subissent les juifs déportés. Elles ont alors bien conscience de tout cela, et décideront d’aider ces prisonniers qui viennent travailler sur leurs terres et ce au détriment du danger que cela comporte, elles pourraient finir tuées à cause de leurs actions. Sofia vivra donc ces années de guerre au coeur de cette ferme, avec la présence constante des allemands qui lorgnent sur son étoile jaune.
Leur histoire se liera l’une à l’autre, quand Izaac sera déporté à Auschwitz et qu’il fera parti des prisonniers qui travailleront à la ferme de la famille de Sofia. C’est ainsi qu’ils feront connaissance, et un lien va alors naitre entre eux, Sofia et Izaac ont tous deux le même âge, et ils vont malgré leurs conditions de vie se plaire, et l’aide apportée par Sofia et sa mère prendra alors encore plus d’ampleur. Nous suivrons ces moments qui peuvent voler, pour échanger quelques mots pendant que les allemands sont occupés, et tout ce qu’il se passe sera lié à l’évolution de cette guerre. De 1943 à 1945, ils côtoieront de près la mort, qui peut les saisir à chaque instant, vivant de privations et de douleur, de perte et de bien des sentiments que l’humain ne devrait pas avoir à éprouver. C’est ainsi que cette étincelle d’espoir dans toutes ces démarches faites par la mère et sa fille leur permettra d’avancer malgré tout.
En parallèle à ce qu’ils vivent au coeur de cette ferme, c’est aussi le vécu d’Olivia que nous suivrons, elle au coeur du camp même. Olivia et Izaac feront tout pour préserver l’autre et c’est de savoir l’autre en vie qui leur permettra de tenir. Olivia sera assignée pour faire le tris dans les vêtements de ceux qui arrivent au camp, dans une zone que l’on appelle le Canada, car elle les préserve des travaux forcés. C’est ici que chaque jour, elle va être confrontée à un autre aspect de ce camp, celui qui en autant tous les biens aux juifs les spoile de leur identité. Olivia est jeune, et elle sera confrontée à d’autres obstacles de taille mais elle sera y faire face dans l’espoir de s’en sortir.
Ce sont donc le destin de trois jeunes personnages, et celui de leurs familles que nous suivront sur un récit qui couvre plusieurs années de guerre au coeur même de la Pologne. Chacun d’eux doutera de chaque instant, sans savoir si leurs proches sont vivants, et avec cette peur qui ne les quittera jamais, à chaque instant de ces cinq années de conflit. Les émotions sont authentiques, et ils nous sont forcément attachants. De les suivre ainsi durant tout ce laps de temps nous permet de bien les connaitre. On s’attache ainsi d’emblée à eux, et tout du long on se demande s’ils vont survivre, et ce qu’ils seront amenés à vivre encore et encore dans ces moments difficiles et inhumains ! C’est une vision de l’histoire assez intéressante, car elle nous plonge au coeur de ce quelques années de guerre vécu par le peuple polonais qui aura subi le joug des allemands sur la plus longue période.
A chaque récit, c’est toujours un point de vue différent de l’histoire que l’on découvre. Ce que je regrette toutefois, c’est que l’autrice n’est pas à la fin du livre, évoqué les points véridiques dans son récit, sait-elle inspirée de faits réels ou a-t-elle « inventé » certains faits ? C’est un roman bien entendu, donc on sait qu’il y a une part d’imagination, mais sur ce type de récit j’aime quand l’auteur nous dit que telle ou telle chose est vrai, tandis que d’autres non. Cela m’a un peu frustrée car si je lis ce type de romans, c’est aussi pour continuer à en apprendre davantage sur cette période, et là je ne sais pas si je peux en tenir compte. Au delà de cela, le récit rejoint bien les romans qui nous content la vie que menait les juifs pendant la guerre, et c’est intéressant et poignant de constater à quel point leur vie a été si facilement restreinte sans possibilités de s’échapper et ce dès le début de la guerre.
La fille du Docteur
De Shari J. Ryan
City éditions
Broché 336 pages
Sortie le 31/05/2023