Le week-end des 16 et 17 juillet 2022 se sont déroulées les commémorations de la Rafle du Vel d’Hiv à Paris. Quatre vingt ans alors, jour pour jour que la police française a capturé et parqué les juifs de Paris dans le Vélodrome d’hiver dans le 15ème arrondissement de Paris. Lors de cette cérémonie, un montage des vidéos traitant de cette rafle tournées par Sophie Nahum ont été proposées, nous rappelant l’importance que ces témoignages revêtent avec le temps qu’il passe et les témoins qui disparaissent les uns après les autres.
Ce livre n’a pas pour sujet la Rafle du Vel d’Hiv, mais dans le cadre de témoignages sur la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale, il s’intéresse plus particulièrement à Shelomo Selinger, qui témoigne aujourd’hui à travers son art. Ce livre retrace ce qu’il a vécu durant cette guerre et nous montre aussi comment il exprime tout ce qu’il a vu et entendu à travers ses dessins.
Les Derniers, Les dessins des camps
Nous avions déjà pu prendre connaissance du témoignage de Shelomo Selinger dans la parution du premier volume des Derniers. Sophie Nahum l’avait alors rencontré dans son atelier où il a pu lui montrer tous ses dessins, représentants les camps de concentration. Ici ce livre lui est consacré, une idée intéressante qui nous propose de découvrir l’expérience qu’a vécu cet homme, qui était alors un tout jeune adolescent.
Le livre s’est construit dans la continuité des précédents, proposant ainsi des textes courts accompagnés de photos d’époque, de dessins et d’images permettant de mettre en lumière le récit de ces années. On se rend compte alors qu’il suffit de quelques mots pour bien saisir l’ampleur de ce qui nous est présenté. A cela, vous ajoutez les dessins qui nous sont alors remis dans le contexte de ce qu’ils représentent, et vous avez un témoignage important de ce qu’ont vécu les juifs lors de cette déportation. Cela reste percutant, toujours malgré le nombre incalculable de fois où l’on prend connaissance de ce type de témoignages.
Shelomo Selinger
Shelomo Selinger nous relate ses années alors qu’il n’était qu’un jeune adolescent, destiné alors par son jeune âge à finir dans une chambre à gaz. Il a su saisir les opportunités et les « chances » (bien que ce mot soit difficile à associer à cette période) pour rester en vie. Il s’est rattaché à cette idée de vivre, et pourtant il aura frôlé la mort à de multiples reprises. Le récit de son périple est saisissant, on reste admiratif de la force que ses survivants ont eu de combattre ainsi l’ignominie d’un régime.
Ses dessins sont saisissants de vérité, on y découvre la cruauté des bourreaux, la détresse et la peur des déportés. Les actes et les gestes portés sont flagrants et ressortent cruellement de ses oeuvres, témoignages importants de chaque moment qu’il a connu durant ces quelques années de déportation.
Travail de mémoire
J’admire le travail accompli par Sophie Nahum, je suis chacune des étapes qu’elle entreprend avec beaucoup d’intérêt. Avec elle, j’ai découvert bien des informations sur cette période, qui reste l’un des moments les plus marquants par l’histoire tant les actes paraissent totalement inhumains et je trouve que toutes ses démarches sont essentielles à la mémoire de cette période.
C’est avec beaucoup de peine que j’apprends aussi avec le temps qui passe, la disparition des témoins qui ont contribué aux Derniers. A chaque fois, je me remémore leurs histoires, celles qu’ils ont vécu parce qu’ils étaient juifs.
Exposition Let we forget, n’oublions pas
Actuellement, il y a une exposition intitulée Let we forget, N’oublions pas sur les grilles du jardin du Luxembourg. Il s’agit d’une série de portraits de survivants de la Shoa prises par le photographe Luigi Toscano. A chaque portrait, vous pouvez scanner un code barre qui vous renvoie à l’histoire qu’est la leur pendant la seconde guerre mondiale. J’y ai retrouvé quelques portraits d’anciens déportés qui figurent dans les Derniers qui me sont devenus familiers.
Présentation de l’éditeur :
Shelomo Selinger, juif polonais, est entré dans l’enfer nazi à l’âge de quatorze ans. En quatre années d’horreur, il a connu neuf camps de concentration et deux marches de la mort. Comment a-t-il pu survivre ? « L’instinct, le hasard, la fraternité. Et puis, l’oubli. »
Frappé d’amnésie à la fin de la guerre, il ne retrouvera la mémoire que sept ans après sa libération. Et il lui faudra vingt années pour se lancer dans une série de plus de cent dessins au fusain représentant l’enfer des camps. Aujourd’hui encore, quand une scène lui revient, elle l’obsède et le hante, jusqu’à ce qu’il réussisse à la représenter, et à la transformer en oeuvre d’art.
Devant la caméra de Sophie Nahum, Shelomo Selinger a décrypté une soixantaine de ces dessins, les décrivant sans ordre précis, comme il le fait lorsqu’il témoigne devant des élèves. Ensemble, ils ont décidé d’en faire un livre, couchant ainsi sur le papier son témoignage, dans un travail de mémoire inestimable.
« C’est facile de ne pas y croire, car c’est inimaginable. Et pourtant c’est vrai. »
Shelomo Selinger
Né en 1928 en Pologne, Shelomo Selinger est sculpteur et dessinateur. Après un long parcours de déporté, il s’essaie pour la première fois à la sculpture, presque par hasard, pour plaire à une jeune fille très sensible à l’art, qui deviendra son épouse. D’abord autodidacte, il est ensuite admis aux Beaux-Arts de Paris et remporte plusieurs concours internationaux. Si la guerre n’est pas son seul sujet, on lui doit plusieurs oeuvres majeures et des mémoriaux en lien avec la Shoah.
« Plus la valeur artistique du dessin est grande, plus il sert la mémoire. »
Sophie Nahum est réalisatrice de documentaires depuis plus de 20 ans. Après avoir travaillé pour les grandes chaînes, et notamment Arte, elle décide de produire ses films de manière indépendante. Young et moi (2015, primé au FIGRA) fut le premier, suivi par le projet plurimédia « Les Derniers » auquel elle se consacre entièrement depuis quatre ans.
Les Derniers, Les dessins des camps, Shelomo Selinger de Sophie Nahum
Editions Alisio
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