Résumé de l’éditeur :
En 1939 à Prague, Eva élève avec amour Miriam, sa petite fille de cinq ans. Lorsque les nazis envahissent la ville, la jeune mère décide de la protéger en l’envoyant dans un pays plus sûr. Au risque de ne jamais la revoir, elle met Miriam dans un train pour l’Angleterre. Peu après, Eva est arrêtée et déportée à Auschwitz.
À Londres, une autre jeune femme, Pamela, dont le fils est parti à l’armée, aide les enfants réfugiés juifs à trouver des familles d’accueil. Mais une petite fille, Miriam, reste seule en pleurs sur le quai de la gare alors que tous les autres enfants ont été placés.
Pamela ne peut se résoudre à abandonner la fillette et la prend avec elle. Une décision qui va tout changer. Ensemble, elles vont traverser l’horreur de la guerre, poussées par la rage de survivre et l’espoir de retrouver, un jour, ceux qu’elles aiment….
☆ AVIS DE BELI ☆
Je suis tombée sur ce roman un peu par hasard quand je chinais quelques occasions chez Gibert. Je venais de lire L’enfant du train et si l’idée d’un premier abord y ressemblait, j’ai toutefois eu envie de lire cette histoire, et en fin de compte, je ne regrette pas car cela n’a rien à voir !
Dans L’enfant de l’espoir, nous allons évoquer l’émigration des enfants juifs d’Europe vers l’Angleterre, alors que l’invasion allemande débute et que les allemands se lancent dans l’épuration du peuple juif. Un exode qui va durer quelques temps, permettant de sauver des centaines d’enfants juifs, organisé par des associations qui ont bien conscience des difficultés que les juifs rencontrent en Europe avec la montée du nazisme. Un pan de l’histoire qui va nous être raconté ici à travers l’histoire d’une jeune enfant, Miriam, de sa mère tchécoslovaque Eva et de celle qui participe à ces missions, Pamela qui vit en Angleterre.
La narration de ce roman se fait à la troisième personne et nous permet ainsi d’avoir différents points de vue selon le moment que l’on découvre dans le récit. Elle tourne alors aux débuts autour des deux figures féminines de cette histoire, Eva et Pamela. Eva débute le récit alors qu’elle n’est qu’une jeune adolescente, qui vit dans un pays qui commence à subir quelques restrictions de vie. Elle prend des cours de piano et est destinée à un très bel avenir, mais sa vie prend un tournant tout autre quand elle fait une mauvaise rencontre. Quelques années plus tard, on la retrouve mariée à un homme plus âgé, alors que son pays ne cesse de sombrer face à la montée de la doctrine antisémite nazie. Elle ne joue plus de piano et sa vie n’a pas du tout pris la direction qu’elle souhaitant. Elle va donner naissance à une petite fille, qui deviendra bien des années plus tard une autre narratrice de cette histoire, nous offrant alors le point de vue de l’enfant qui a du quitter sa famille.
Tout en découvrant la vie d’Eva auprès de sa famille en Tchécoslovaquie, nous suivrons aussi en parallèle celle de Pamela en Angleterre. Pamela est mariée à un homme qui travaille pour le ministère de la défense et ils ont un fils, adolescent au début du récit. C’est une femme qui ressent le besoin de s’investir dans quelques causes, et c’est ainsi qu’elle se retrouvera engagée dans ces missions qui visent à aider ceux qui sont persécutés en Europe par les nazis. Elle rencontre rapidement Eva, et sera amenée à s’occuper et prendre sous son aile, sa fille Miriam lors de son arrivée en Angleterre. A travers son personnage, nous pourrons avoir une vision que l’ampleur de la guerre prend de l’autre côté de la Manche et de l’engagement des anglais vis à vis de ces enfants qui fuient la persécution. Nous évoquerons aussi l’histoire de son fils, qui va grandir et participer lui aussi à la guerre, évoquant alors les inquiétudes des parents qui voient partir leur enfant au combat.
Eva et Pamela sont donc toutes deux bien différentes, si Pamela vit dans un milieu plutôt aisé, sa vie est confortable, tandis qu’Eva connaitra très rapidement les restrictions liées au fait d’être juif. L’histoire de leur famille est très intéressante à découvrir, d’un côté, nous avons la famille juive qui des parents à l’enfant d’Eva, vivront bien des instants difficiles et subiront tant d’injustices, et de l’autre Pamela jouira d’une certaine tranquillité de vie, malgré les tourments de la guerre. C’est l’histoire de ces deux femmes que nous découvrons, qui vivent au même moment et qui pourtant ont des vies qui divergent et s’opposent ! Ce sont aussi deux histoires de mères que nous suivons, avec tout le courage qu’il faut pour l’être et pour prendre des décisions importantes pour l’amour de ses enfants. Le sacrifice d’une mère, l’accueil d’une autre et tout ce qu’il se passe autour de cet acte de confier son enfant à d’autre, voilà aussi ce que ce roman nous délivre, deux destins de femmes.
Miriam est toute jeune lorsque sa mère la met dans un train en partance pour un lieu dont elle n’a même pas idée. Eva, sa maman, ne lui a rien expliqué si ce n’est qu’elles se retrouveront et qu’il lui suffira de serrer très fort sa poupée quand elle pensera à eux, et que des gens font s’occuper d’elle. Mais pourquoi doit-elle partir ? Que se passe-t-il qui nécessite cette séparation ? Eva a longuement réfléchi et son passé qui la hante encore aujourd’hui, la pousse à ne pas faire confiance aux allemands et si son mari affirme qu’ils sont protégés par son métier qui est utile aux nazis, elle craint qu’il ne faille pas croire aux belles promesses qu’on leur fait. C’est ainsi qu’elle décide de confier sa fille, la prunelle de ses yeux à des inconnus pour qu’ils l’emmènent loin de cette guerre, en Angleterre alors que celle-ci n’a pas encore déclaré la guerre à l’Allemagne. Une décision difficile, mais murement réfléchie et qui apparait alors comme la meilleure chose à faire.
Le récit est très complet, tant dans les références historiques qui courent de 1930 à 1950, que dans les interventions de plusieurs personnages qui font cette histoire. L’auteure reste bien ancrée dans un contexte historique marquant, nous permettant de bien saisir l’évolution que l’Histoire de cette guerre a prise au fil des années qui ont passé. A savoir tout de même que la condition du peuple juif n’a pas été dégradée uniquement durant les années de guerre, mais bien avant et aussi après la fin de la guerre, et j’arrive encore à être saisie par les réactions des gens vis à vis d’eux. Je crois que je ne m’y ferai jamais, et durant mes lectures de ce genre de roman, j’ai toujours les mêmes réactions face à ce manque d’humanité criant qui a lieu durant cette guerre.
Un roman que j’ai donc trouvé très intéressant, et qui aborde cette exode des enfants juifs de façon très pertinente puisqu’il nous offre deux points de vue, d’un côté les parents qui confient leurs enfants à des étrangers pour les sauver, de l’autre des personnes qui accueillent des enfants inconnus pour apporter leur aide.
L’enfant de l’espoir
De Gill Thompson
City Editions
Broché 415 pages
Sortie le 28/10/2020