Résumé de l’éditeur :
Juliet a toujours écrit à sa mère. Depuis sa mort soudaine, cette habitude est pour elle comme une bouée de sauvetage. Même si les courriers de Juliet restent sans réponse, elle continue de les déposer sur sa tombe chaque semaine.
Declan n’aurait jamais cru qu’une lettre pourrait changer sa vie. Pourtant, celle qu’il trouve au cimetière, où il fait des travaux d’intérêt général après le lycée, le touche profondément… Et il ne peut s’empêcher d’y ajouter deux mots.
Commence alors une correspondance inattendue entre Le Crépuscule et La Fille du Cimetière, deux étrangers que tout oppose. Ce qu’ils ignorent, c’est que leurs routes se sont déjà croisées…
☆ AVIS DE BELI ☆
Un roman qui tout comme le tome 2 attend d’être lu depuis un moment. Après quelques jours sans savoir quoi lire, un petit passage à vide, je me suis lancée dans la lecture de ce premier tome. J’avais aussi entendu bien des compliments sur cette série, j’étais donc curieuse de le lire.
J’aime beaucoup quand une histoire démarre de cette façon, à travers des mots échangés mais sans que les protagonistes ne se connaissent, et qu’au fil de leurs échanges, ils finissent par s’attacher à l’autre. Les personnages sont souvent de ceux qui se sentent seuls, ou à un tournant de leur vie, et ces échanges leur permettent alors de se confier. Ce qui fonctionnent bien avec ce type d’histoire, c’est que leurs échanges sont captivants et qu’à côté de cela, on les découvre aussi tous deux dans leur vie actuelle, on en apprend alors beaucoup sur eux. L’histoire de Juliet et Declan démarre ainsi, par hasard quand le jeune homme découvre une lettre qui ne lui était pas adressée et qu’il y répond, bravant un interdit qui le mènera à faire la connaissance de cette inconnue du cimetière.
Ils ont tous deux dix-sept ans, fréquentent le même lycée et s’ils sont amenés à se croiser, ils ne sauront pas que l’autre est celui avec qui ils communiquent. Voilà bien une particularité qu’a développé l’auteure avec cette histoire, quand sans le savoir ils vont faire la connaissance de l’autre de bien des façons. Le récit est alors captivant car nous, nous savons tout enfin presque, tandis qu’eux ne font que le découvrir au fil des pages. L’auteure nous propose un roman à double narration voir plus, nous permettant alors d’avoir tous les points de vue sur leur histoire. Le texte est rythmé par leurs échanges qui à chaque chapitre ouvre le bal et positionne le personnage qui le reçoit dans une « réaction » à ce qu’il y apprend. On constate alors comment ces échanges deviendront ce moment où dans la journée, ils ont tous deux cette dose de bonheur, qu’ils ne trouvent plus ailleurs.
Au delà, de cette correspondance, il y a aussi les interactions qu’ils auront avec le monde réel, celui qu’ils se doivent d’affronter chaque jour, famille, lycée, obligations… C’est bien ce sentiment d’affrontement qui ressort de ce qu’ils ressentent face à ce qu’ils vivent, que cela soit d’ordre familiale, quand on découvre le schéma familiale dans lequel ils vivent, ou d’ordre amicale quand on explore qui sont leurs amis, ils se sentent tous deux perdus. Où est leur place parmi ceux qui les entourent ? Pourquoi se sentent-ils si mal après la perte d’un être si cher ? Et comment reprendre le dessus et saisir les opportunités qui nous sont présentées ? Comment ne pas tout gâcher ? Ils vont aussi faire la connaissance d’autres personnages dans le cadre du lycée, ou encore durant ces heures qu’ils consacreront à d’autres « activités », des personnages qui leur permettront d’avancer de bien des façons. Certaines rencontres orageuses prendront un tournant inattendue pour notre plus grand plaisir.
Je craque facilement sur ce type d’histoire, on se sent alors si proche des personnages. L’adolescence est ce moment de la vie, où l’on se questionne, où l’on se sent mal aimé, pas à sa place et quand là-dessus s’ajoutent des difficultés traumatisantes, qui vous laissent seuls face à ce que vous vivez, ces moments deviennent encore plus durs à affronter. C’est ainsi que Declan et Juliet vont se trouver, à travers des mots qui expriment un mal être qu’ils partagent tous deux. Ils se sentent perdus face à la perte d’un être cher, face au vide que cela a occasionné, pour eux et entre eux et ceux qui les entourent.
C’est un très beau texte qui nous propose de suivre des personnages, qui ont tout mis en pause autour d’eux, perdus qu’ils sont par le chagrin et le manque. Chacun l’exprime à sa façon, Declan plutôt avec colère, ce qui lui apporte bien des soucis, tandis que Juliet se referme sur elle-même, ne se préoccupant peu de ce qu’il se passe autour d’elle, centrée uniquement sur ce qu’elle tente de maintenir comme lien avec celle qui n’est plus là. Leurs passions sont magnifiquement retranscrites, Declan et la mécanique, on ressent bien ce besoin de revivre les instants passés avec son père, quand ils travaillaient sur des moteurs. Juliet et la photographie qui la rattache à sa mère, cette passion commune mais qu’elle fuit de peur de tant de choses. C’est si bien décrit que l’auteure m’a donné envie de saisir mon appareil photos, pour prendre des photos, tellement cela est bien représenté dans le récit.
Plusieurs thématiques sont explorées alors à travers leurs histoires, celle du deuil, qui les rapprochera mais qui a provoqué tant de remous dans leur vie. C’est un sentiment de culpabilité qui poussera Declan a mal réagir et a s’attirer tant de soucis et d’animosité envers lui. C’est aussi cette perspective du vide, l’isolement, la façon dont ils vont repousser les autres qui va les soustraire à cet environnement qui est le leur. L’auteure exprime tant de belles émotions, qu’elles soient négatives ou positives, à travers ce cri que lancent ces deux personnages, et qu’en fin de compte sera entendu par la personne à laquelle ils s’attendaient le moins, l’un pour l’autre. Brigid Kemmerer nous propose une bien belle histoire, portée par les émotions que ressentent ses personnages, et un cheminement dans leur vie, qui présente leur présent tout comme leur passé, qui nous permet alors de bien les comprendre.
L’autre tome de cette auteur et de cette duologie, porte sur le meilleur ami de Declan, Rev, un personnage très intéressant. De lui, nous apprenons qu’il est du grande bonté, et a une maturité, certainement du à son vécu. Et pourtant, c’est un jeune homme qui semble avoir tant à porter sur les épaules, il se cache et effraie avec son attitude ambigüe, je l’ai déjà trouvé très intéressant dans ce premier tome, j’ai hâte d’en savoir plus encore sur lui.
P. S. : Tu me manques
De Brigid Kemmerer
Editions Hachette Romans
Broché 435 pages
Sortie le 07/02/2018
Série Letters to the lost (2 livres) :
Tome 1 : P. S. : Tu me manques (07/02/2018)
Tome 2 : PS : Je ne te l’ai jamais dit (23/10/2019)
Titres originaux :
#1 : Letters to the lost
#2 : More than we can tell