Résumé :
Un conte sensuel sur l’éveil amoureux et l’éducation érotique d’une jeune élève par son professeur de piano.
Émeric Marceaux est un fils prodigue et un célèbre pianiste qui enseigne avec ferveur et fermeté à de jeunes élèves triées sur le volet.
Autoritaire, raffiné, secret, directif, insaisissable et impitoyable, il envoûte ses élèves toutes amoureuses de lui.
L’une d’elle, Ivory Westbrook, a intrigué le maître qui l’a choisie pour en faire son oeuvre érotique malgré l’interdit qui pèse sur leur passion.
Souple et solide, réfléchie et naïve, douce et réceptive, Ivoire porte les stigmates des viols et abus qu’elle a subis et dont son maître veut la débarrasser en la poussant toujours plus loin sur les chemins du plaisir.
« Ils me traitent de salope. Et peut-être en suis-je une. Parfois, je fais des choses que je méprise. Mais j’ai reçu un cadeau musical un an seulement après avoir quitté l’école secondaire. Ce cadeau s’appelle Émeric Marceaux. Et quand je me mets à jouer, je veux tout lui donner. Il est mon obsession, mon Maître, ma musique. Et mon professeur. »

 ★ Merci aux Editions Hugo Roman pour ce SP ★

Information importante : cette chronique a été effectuée alors que le tirage de Notes Noires ne comportait pas les sept derniers chapitres du livre. La chronique sera actualisée quand la lecture de ces chapitres sera effectuée.

☆ AVIS DE BELI ☆

Notes noires est le premier roman de Pam Godwin traduit en français. Auteure de dark romance, elle nous offre ainsi une lecture qui vous fait sortir de votre zone de confort et c’est en ça qu’elle évoque des faits si sombres.

Dès les débuts de cette romance, nous sommes percutés par l’histoire d’Ivory qui depuis quelques années vit véritablement un enfer. Ses conditions de vie sont déplorables et les personnes sur qui elle est censée pouvoir compter l’ont abandonné et lui font du mal. L’auteure commence le roman avec une présentation des faits, de ceux qui régissent la vie d’Ivory. Ivroy a 17 ans et va entamer sa dernière année dans une école privée prestigieuse d’art. Elle vit dans un quartier minable, dans une maison délabrée, entourée de son frère et sa mère toxicos. Son appartenance à cette école en surprend plus d’un et aucun ne l’y accepte car elle ne fait pas partie de l’élite de la société.

C’est une lecture que j’ai trouvé assez captivante, elle aborde tellement de faits qui se sont cumulés en quelques années dans la vie de Ivory que nous nous attachons immédiatement à elle. C’est une jeune femme malheureuse, acculée à commettre des actes qu’elle se refuse à accepter mais la situation est telle qu’elle n’a guère de choix. Et pourtant elle démontre une force du caractère épatante, elle tient le coup, ne visant qu’un seule objectif : la réussite pour intégrer un conservatoire réputé qui n’accepte qu’un élève par cession. Jeune étudiante talentueuse, ce sont les rouages de la richesse et des complots qui régissent les orientations des uns et des autres et bien qu’elle soit persuadée d’atteindre son objectif grâce à son talent, elle ne s’imagine pas que derrière, tout se joue différemment.

Ivory a un rapport avec les hommes complètement faussé :  elle a perdu son père à l’âge de 13 ans, perdant ainsi la seule figure paternelle mais aussi la personne qui l’aimait le plus au monde. A la suite de ça, tout ce qu’elle a pu entretenir comme rapports avec les hommes ne fut que contrainte et forcée, humiliée à devoir se rabaisser à ce qu’ils exigeaient d’elle, elle a utilisé son corps comme un moyen de s’en sortir. L’arrivée de Emeric Marceaux dans sa vie marque un tournant qui ne sera pas sans conséquence. Il y a alors une certaine ambiguité quant à leur relation ? Le voit-elle comme un père ? un frère ? un ami ? ou un amant ? Elle n’a aucun repère quant à toutes ces relations qu’elle a enfin de compte jamais connu. Tous l’ont tellement utilisé qu’elle ne recherche que des choses simples : un câlin, une marque comme quoi elle serait aimée. Ivory est psychologiquement complètement anéantie, tous ses fondements ne sont construits que sur des abus et des personnes censées l’aimer qui n’ont fait que la rejeter.

La situation soulève quelques tabous qui mettent en péril leur histoire. La différence d’âge des protagonistes, Ivory n’a que 17 ans tandis que Emeric qui est son professeur en a dix de plus.
Ces tabous sont assez bien évoqués et l’attention qu’Emeric porte à Ivory va au delà de ces obstacles, il est le seul qui saura lui faire du bien et la porter au delà de ce qu’elle pense être, c’est à dire pas grand chose en tant que femme. Le contenu du récit est intéressant, j’ai aimé découvrir ce qu’elle a vécu et de voir à quel point une jeune femme brisée a pu peu à peu voir sa vie autrement. Il m’a toutefois manqué quelque chose, je ne sais pas quoi, un petit quelque chose qui aurait pu rendre cette romance encore meilleure.

Les personnages sont sombres, tous autant qu’ils sont. Leurs attitudes malsaines qu’elles soient dans les intentions que les actes, qu’elles soient de l’ordre morales, sexuelles ou encore rien que le fait que de cotoyer quelqu’un, tout est calculé et ce dans l’intérêt de soit même. Aucun rapport n’est vrai, l’attachement n’a pas sa place d’une manière ou d’une autre dans la vie d’Ivory. Emeric constituera le seul point d’ancrage qu’elle est connue jusque là. Elevée et éduquée dans la violence, est-elle ainsi conditionnée à devoir ressentir ses premiers sentiments et sensations que dans un contexte de soumission ? Peut-être a-t-elle trouvé en Emeric le juste équilibre entre la douleur et ce besoin intense qu’elle a que l’on l’aime et que l’on fasse attention à elle ?

L’auteure a choisit une fin ouverte afin de laisser au lecteur la possibilité d’envisager à sa guise ce qu’il souhaitait pour Ivory et Emeric. De mon côté, je suis plutôt du genre à vouloir que la fin me soit décrite selon l’idée de l’auteure car il y a comme une frustration à ne pas pouvoir la lire. Si cela ne tenait qu’à moi, je souhaiterai même qu’il y ait une suite mais l’auteure a annoncé que Notes noires serait un stand alone.

« Notes noires » de Pam Godwin
Editions Hugo Roman, Collection Blanche le 09/02/2017 : 467 pages

NOTE : 4/5