Résumé de l’éditeur :
2002. Un an après les attentats du 11 septembre qui ont ébranlé le monde entier, la vie de Shirin est un enfer. Pointée du doigt, insultée, menacée, cette lycéenne d’origine iranienne n’a pour seules échappatoires que la musique et la breakdance.
Jusqu’au jour où elle rencontre Océan James. L’intérêt que lui porte le jeune homme la déstabilise… D’autant que les deux adolescents viennent de deux mondes que tout oppose.
★ Merci aux Editions Michel Lafon pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
C’est le premier roman que je lis de l’auteure, et pourtant j’ai tous ses romans dans ma bibliothèque. Le récit proposé diffère de ce que nous avons pu lire d’elle avant, et je la découvre avec un texte très contemporain et qui traite de problématiques actuelles.
Shirin est une jeune lycéenne, d’origine iranienne qui vit auprès de ses parents et son grand frère. Ils viennent d’arriver en ville, et Shirin va alors intégrer un nouvel établissement pour cette nouvelle année. Cela fait des années, qu’elle change d’établissements, parfois plusieurs fois dans l’année, au grès des déménagements de ses parents, qui suivent ce chemin pour trouver l’endroit qui sera encore meilleur que le précédent. Elle n’a jamais eu le temps et la chance de pouvoir s’attacher à qui que se soit, à cause de ces temps trop courts, passés dans un établissement. Elle est alors une jeune femme très discrète qui ne souhaite pas s’ouvrir aux autres. Au delà de ces changements continuels dans sa vie, ses origines et le fait qu’elle les porte sur elle, en portant le foulard lui octroie une attention qu’elle aimerait ne pas avoir. Mais porter le foulard est un choix, et elle ne souhaite pas l’abandonner sous prétexte que cela dérange.
Le roman est un Young-Adult qui aborde des thèmes liés à l’âge des protagonistes : les premiers amours, les premières expériences, mais aussi l’acceptation de l’autre, et plus encore des thèmes forts et percutants comme le racisme et la religion. Nous les découvrons auprès d’elle et de son quotidien au coeur de sa vie lycéenne. Le récit se place dans un contexte particulier aussi, puisque les attentats du World Trate Center ont changé la façon dont les gens se comportent vis à vis des musulmans, et beaucoup d’entre eux ont souffert des représailles qui leur ont été faites par la suite. Shirin a vécu bien des moments difficiles, de ceux qui marquent et elle semble blindée face aux insultes et aux différentes illusions qui lui sont faites sans arrêt. Mais peut-on ne rien ressentir face à ce harcèlement ? Non ce n’est qu’une façade, elle encaisse mais se sent toujours aussi peinée de la réaction des gens. Elle va faire la connaissance d’un jeune homme, au prénom que l’on oublie pas, Océan. Un lycéen qui, au contraire des autres, s’intéressera à elle, et ce malgré la façon dont elle a de rabrouer.
Le personnage d’Océan met en lumière toute la différence entre deux personnages, qui viennent d’horizons lointains. Ici même, l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre n’est pas autorisé et si Shirin en a conscience et a très peur de ce que cela pourrait provoquer dans la vie du jeune homme, lui n’a pas pris l’ampleur de ce qui pourrait se passer. C’est ce qui l’a toujours laissé sur sa réserve, ce qui l’a retenu de laisser ses sentiments prendre le pas sur sa raison, tandis que lui était plus exalté à l’idée de partager quelque chose avec elle. Océan, c’est un personnage assez intéressant, puisqu’en fin de compte, il ne se livre que peu. On connait de lui ce que Shirin va découvrir au fur et à mesure que les moments partagés lui apprennent de lui, mais il ne parle pas trop de son passé et de sa condition actuelle. Il reste, malgré son entrain, d’une discrétion sur certains aspects de sa vie qui ne nous permet pas de tout connaitre de lui.
J’ai été assez sensible à la façon dont les personnages vont être confrontés à ce qui leur arrive, ils sont jeunes et n’ont pas le droit de suivre leurs envies et leurs sentiments, à cause d’aprioris et de jugements qui sont tellement loin de la vérité. C’est ainsi que rien ne se passe réellement comme cela aurait du, puisqu’ils doivent faire attention à ce qui se passe et à ce que cela peut engendrer comme conséquences sur l’un ou l’autre. Nous avons bien conscience de ce qu’ils ressentent tout du long, c’est navrant de constater qu’à cet âge, on doive se préoccuper de ce qu’un amour pourrait occasionner de négatif, alors que cela se veut quelque chose d’innocent et de beau. Mais l’attitude des autres, ce racisme constant, cette méchanceté gratuite qui prend des proportions qui vont au delà de l’imaginable, causeront tant de dégâts malheureux dans la vie des personnages.
Nous ressentons bien à la lecture de ce roman, que l’auteure a mis beaucoup d’elle dans son écrit. Elle nous parle des habitudes et coutumes des iraniens avec passion et c’est un plaisir que de pouvoir les découvrir. La famille de la jeune femme est aussi très présente, et leurs habitudes et traditions perdurent et nous sont présentées dans leur quotidien. Je pense aussi qu’elle a mis beaucoup d’elle dans le personnage de Shirin, dans ce qu’elle a vécu au quotidien, l’intensité des émotions et des ressentis sont assez développées et intenses. On se sent très touché par tout ce qu’elle va devoir affronter et par cette résiliation qu’est la sienne, car elle sait bien que la bêtise humaine n’a pas de limite et qu’elle ne peut rien y faire.
Le récit de Nos horizons infinis, est à la fois très doux dans la manière dont il nous est conté, mais percutant quand on découvre les thèmes abordés et la façon dont les gens peuvent se comporter. La douceur s’allie à merveille à la romance qui nous est présentée et qui octroie au texte une direction marquée par cette idylle, et elle permet aussi d’aborder une réalité peu reluisante et de la condition dont les musulmans ont été perçus suite aux attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis. J’ai beaucoup aimé ce roman, j’ai été sensible à la condition de cette jeune femme, qui ne devrait pas subir tout ce qu’elle vit depuis plusieurs mois maintenant. D’y joindre l’arrivée de ce jeune homme, qui lui ne souffre pas d’aprioris négatifs sur sa personne, met en lumière alors leurs différences et la portée de ce qu’il va se passer. J’ai beaucoup aimé découvrir la plume de l’auteure à travers ce roman, que j’ai pris plaisir à lire.
Nos horizons infinis
De Tahereh Mafi
Editions Michel Lafon
Broché 307 pages
Sortie le 18/06/2020
Titre original : A very large expanse of sea