Résumé :
Je ne vois pas les morts.
Je vous vois, vous.
Je vois toutes vos incarnations.
Je vois l’histoire de votre âme.
Je peux voir votre aura trempée dans le sang de vos vies antérieures.
La plupart des gens sont intrinsèquement bons ou mauvais.
Certains flottent entre l’obscurité et la lumière.
Peu de gens peuvent changer le tissu de leur essence ; c’est un combat que la plupart sont trop faibles pour gagner.
Il était autrefois l’obscurité.
Un mal si pur que son âme est noire et pourtant je suis attirée par lui comme un papillon vers une flamme.
Quelques fois, j’ai l’impression de me noyer, les vagues de mes sentiments me volant l’air de mes poumons.
D’autres fois, je ne ressens rien du tout.
Je suis incertain, ce qui est pire ; haletante pour trouver l’air ou mourir de cette soif.
Apprendriez-vous à respirer sous l’eau si vous rencontriez quelqu’un qui vaille la peine de se noyer ?
Extra lucide est une Dark romance.
Les lecteurs d ’ une disposition sensible doivent s ’ éloigner de ce livre.
Éloignez-vous, rien à voir ici.
Les lecteurs qui aiment danser sur le côté obscur, entrez et profitez de la balade.
★ Merci à Juno Publishing pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
Une romance à ne pas mettre entre toutes les mains ! Je commencerai par avertir le lecteur qui voudrait se laisser tenter, que ce roman est une vraie Dark Romance. Certaines scènes sont particulièrement violentes, les personnages sont cruels et les sévices occasionnés sont décrits tels qu’ils sont pratiqués.
C’est une chronique sur ce livre qui m’a donné envie de le découvrir. La Dark Romance est un genre qui commence vraiment à être exploité en France et donc quand un roman de ce genre se propose, je ne résiste pas longtemps avant de le lire. Je ne serai pas expliquée pourquoi j’aime tant ce genre, car cela propose des situations très dérangeantes mais c’est l’aspect psychologique des personnages qui est juste fascinant et très souvent il est très bien exploité.
L’auteure aborde son personnage féminin en nous la présentant avec une particularité qu’elle a acquise suite à un accident de voiture. Elle semble détecter l’aura des êtres qui sont en sa présence, elle peut ainsi voir si quelqu’un est sombre ou pas et encore bien d’autres sentiments et émotions qu’ils éprouvent. Au contact physique, de peau à peau, elle peut aussi revivre certains souvenirs à travers le personnage qu’elle touche, c’est ainsi que nous pourrons découvrir quelques moments de la vie des personnages masculins qu’elle va cotoyer dans cette première partie. Cette particularité apporte au roman un petit plus, qui permet au personnage de Faye d’évoluer au sein même de ce monde perverti et cruel.
Qui est-elle ? Faye Craven est la fille de celui qui dirige l’Ordre rouge : Alec Craven. Une sorte d’institution privée, un club que seule l’élite côtoie, mais cette élite s’adonne à des activités d’assouvissements de l’être humain où la cruauté et la domination masculine sont les maitres mots. Faye côtoie ce milieu depuis toujours, elle y est née, n’y a pas échappé et l’a subit car même si elle est la fille du « chef », celui-ci reste cruel envers toutes les femmes, toutes les « salopes » comme elles sont désignées. Nous faisons la connaissance de Faye le jour de son mariage, bien entendu elle n’a pas choisit son époux, c’est un mariage arrangé, qu’elle subit et auquel elle ne peut pas échapper. Elle doit épouser Cole Hunter de cette famille Hunter qui préside auprès de la famille Craven depuis plusieurs générations, deux familles ennemies. Cole, tout comme Alec n’a rien d’un tendre et la perspective de devenir sa propriété effraie Faye, au point de préférer envisager de le troquer contre un autre bourreau, c’est ainsi qu’elle se dirige vers ce que d’autres ont décidé pour elle.
Faye est une jeune femme « innocente », mais qui n’a jamais été épargnée par la brutalité et la perversité de son père, sa virginité a été préservée mais elle n’a pu échapper à certains membres de l’Ordre rouge, plus futés pour déjouer la « protection » de son père. Nous allons au fil des pages, découvrir quelle a été sa vie et pourquoi tout a été géré de façon à ce qu’elle serve une cause. Nous sommes alors en immersion dans ce monde cruel où il ne faut avoir confiance en personne, un monde où la femme est un objet, constamment rabaissée, humiliée, maltraitée et vouée à servir. Les sentiments, l’attachement, l’amour n’ont pas lieu d’être. L’auteure nous livre des descriptions précises sur les tortures et sévices que les hommes, femmes, enfants ont subi. Certaines scènes m’ont particulièrement retourné tellement elles sont criantes de réalisme, c’est déstabilisant que d’être « témoin » de ce que vivent ces personnages tellement tout y est décortiqué dans les moindres détails.
Faye va donc quitter son père, le clan Craven pour rejoindre la famille Hunter. Cole et son frère sont les représentants de cette famille, qui a la réputation de n’être que dangereuse et perverse. A ce moment-là j’ai trouvé très intéressant d’avoir le point de vue de Cole sur les scènes qu’ils partagent avec Faye, en plus de l’avis de celle-ci, cela nous permet de mieux appréhender son personnage ainsi que celui de son frère que nous découvrons à travers son regard. Aucune information ne nous est épargnée et découvrir les frères Craven aiguise notre curiosité. Eux même ont un but dans cette histoire et la découverte de leur passé, assez cruel, nous propulse aussi dans la perception de ce monde par les enfants, qui vivent des moments difficiles et n’ont pas une vie normale dans ce milieu.
Tout du long de notre lecture, nous sommes aux côtés de Faye, qui reste sur le qui vive, qui tente au mieux de s’échapper en pensées comme sa mère lui a toujours recommandé de faire. Pour survivre dans ce monde, elle n’a guère le choix. A la différence des Dark romances où l’héroïne est enlevée et ne connait rien au monde où elle atterrit, Faye y a vécu toute sa vie. Elle connait donc les ficelles, elle sait quand elle peut s’opposer, quand il ne vaut mieux pas, elle n’est pas pour autant soumise. Au contraire, elle a une certaine forme de rébellion, jouant de ses atouts pour naviguer parmi ses dominateurs mais le tout avec calculs et dans un instinct de préservation ou de survie aussi tout simplement.
C’est un tome riche en détails, de tous genres : que se soit la vie des personnages qui nous sont suffisamment dévoilées pour que l’on puisse bien les « comprendre ». La description des scènes nous propulsent dans le corps des personnages, nous évoluons avec eux parmi les autres, en totale immersion. Nous ressentons alors les émotions telles qu’ils les vivent à l’instant : de l’horreur à la peur, du dégoût au instants de « plaisir », sentiment qui reste controversé et qui engendre de la culpabilité chez Faye, nous oscillons d’un sentiment à l’autre. Découvrir qui sont réellement tous ces personnages est assez fascinant, ils sont plein de surprises et pas toujours ceux que l’on croit au départ. N’oublions pas que la manipulation des esprits est un jeu dans lequel ils excellent, il est impossible de savoir en qui avoir confiance.
Un roman poignant, cru et proposant des moments particulièrement difficiles à lire. Le passé se mêle au présent, apportant tant de détails qui nous permettent de comprendre pourquoi les personnages agissent ainsi. C’est très intéressant de voir comment des adultes qui ont vécu toute leur vie dans ce monde, arrivent à y survivre. Pourquoi vouloir vivre lorsque l’on sait que rien de bon ne nous attend ? Cette petite étincelle d’envie de liberté suffit-elle à porter les personnages ? Une lecture déstabilisante, gênante et parfois horrifiante qui nous plonge dans un univers particulier que l’auteure dirige avec des précisions et des détails impressionnants.
« L’ordre rouge » le tome 1 « Extra lucide » de E.S. Carter
Editions Juno Publishing le 07/09/2017 : 288 pagesNOTE : 4/5
Série L’ordre rouge (2 livres) :
Tome 1 : Extra lucide 07/09/2017
Tome 2 : à suivre