Résumé :
L’histoire extraordinaire du garçon autiste qui construisait un monde meilleur.
Sam a huit ans, et ce n’est pas un garçon comme les autres. Il est même hors du commun : autiste, c’est comme ça que ça s’appelle. Son père peine à tisser un lien avec lui, et son mariage ne résiste pas à cette épreuve. Alex atterrit donc sur le canapé de son meilleur ami. Alors qu’il renoue avec sa vie de célibataire, et découvre les joies de la garde alternée, son fils se lance dans un nouveau jeu vidéo : Minecraft. Grâce à son imagination, Sam donne naissance à un monde parallèle qu’il peut partager avec son père. Sur les ruines du passé, ils construisent ensemble un avenir radieux.
Inspiré de la relation de Keith Stuart avec son fils autiste, ce livre émouvant, drôle et incroyablement juste, est un hymne à la différence.
★ Merci aux Editions Milady pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
C’est un roman dans lequel j’ai mi un peu de temps à lire, tout simplement car il évoque des thèmes forts et je savais que j’allais me sentir touchée par ma lecture. Il est aussi un de ces romans, que l’on ne lit pas pour se détendre, mais on est forcément confronté à bien des réalités en le lisant. Des réalités que l’auteur nous conte, tout en ayant vécu cette situation, il parle donc en toute connaissance de cause, et j’ai beaucoup apprécié sa plume et la façon dont il nous expose les émotions éprouvées à chaque moment de la vie de cette famille.
Un roman qui fait écho chez bien des parents, d’abord sans avoir d’enfants autistes, car les sentiments éprouvés par ce père sont le lot quotidien de tout parent. Mais on imagine alors son désarroi et son inquiétude accentués face à son enfant, qui a des réactions très marquées et là on se dit que c’est d’autant plus difficile. Il y a alors beaucoup de compassions à la lecture du récit de ce père, qui cherche comment gérer son enfant, mais aussi sa vie amoureuse qui fout le camp et le désastre de sa vie professionnelle. Quand est-il de cet homme qui se sent complètement paumé par rapport à la situation ?
Sam est un jeune enfant, qui cause tant d’inquiétudes à ses parents. Chacun d’eux a réagit de façons différentes à l’annonce de l’autisme de Sam, et ensuite à la façon de s’en occuper. Alex va un peu fuir, prétextant le travail toujours plus imposant pour ne pas avoir à se retrouver confronté à la réalité de ce que vit sa famille. Quand nous faisons sa connaissance, il fait une pause dans sa relation avec sa femme, il s’installe chez un pote. Mais sa situation désastreuse ne s’arrête pas là, il perd son travail peu de temps après. Sans logement, sans emploi, sans femme sur qui s’épauler, sa façon d’être avec son fils nous montrera le malaise et la peur qu’il éprouve à l’idée de de voir s’en occuper, ou plutôt à l’idée de devoir affronter une crise qu’il aura du mal à gérer. Ce papa est désespéré, il passera par différentes phases quand tout s’écroule, tandis que sa femme, elle semble trouver un meilleur équilibre sans lui, reprenant le travail, faisant des rencontres. Cela ne fait qu’accentuer son mal être.
C’est un jeu vidéo : Minecraft, qui leur permettra de trouver une sorte de terrain neutre et imaginaire, pour qu’ils puissent partager quelque chose sans que la relation père-fils ne soit remise en cause, ni évoquée. C’est dans ce monde, que Sam va développer un certain équilibre et se concentrer, sans avoir de crises, et c’est alors que son père pourra lui rejoindre pour construire, au sens propre du terme car c’est un jeu vidéo où l’on construit des choses, tout comme au sens figuré, car ils seront plus proches l’un de l’autre. Moi qui ne suis pas du tout jeux vidéos, j’ai beaucoup apprécié les descriptions du jeu, en parallèle à ce que vivaient les deux personnages en y jouant. Une sorte de complicité, un langage secret, partagé durant ces moments où on n’oublie que Sam peut être difficile à gérer, où Alex oublie lui-même qu’il doit être un père. Parce qu’en partageant ces moments avec lui, il créé quelque chose de particulier et ils peuvent ainsi tant partager, sans craintes et communiquer, ce qui représente beaucoup pour eux.
Vulnérabilité, culpabilité, ras le bol, tant d’émotions ressenties lorsque nous sommes parents, cela l’est d’autant plus quand votre enfant a des soucis qui ne lui permettent pas d’être intégré comme il se doit dans la société, et qui vous occasionne tant de difficultés dans la vie de tous les jours. Tels sont les sentiments éprouvés par ce papa, qui n’a pas su comment gérer son fils. Il cherchera tous les moyens possibles pour trouver un lien avec lui. Alex est le narrateur de ce roman, avoir le point de vue du papa, surtout quand celui-ci est mis en porte à faux par son manque d’agissements et d’implications est fort intéressant. On peut parfois se dire qu’il n’agit comme il se doit, mais il est et reste très impliqué toutefois, mais on ressent son désarrois car il ne sait pas comment s’y prendre d’où cette sensation de fuite.
Les combats que les parents d’enfants autistes mènent sont pour que leurs enfants puissent vivre comme les autres, et dans un environnement qui prendra en compte leurs « différences ». C’est un combat de tous les jours et de chaque instant, demandant aux parents beaucoup plus d’implications encore que quand nos enfants n’ont pas de soucis de ce genre. Il n’y a rien d’étonnant à constater que des parents puissent réagir différemment à l’impact que cela aura sur leur vie. Certains assumeront avec force ces différences, tandis que d’autres pourront avoir peur, ou ne se sentiront pas à la hauteur de la tâche. Rien n’est évident, et si par certains moments, on peut évoquer une certaine lâcheté, il est difficile de qualifier cette attitude ainsi, car c’est très déstabilisant de vivre de cette façon, avec le regard des autres et son enfant qu’il faut sans cesse épauler.
Un roman que j’ai pris le temps de lire, je ne l’ai pas lu d’une traite, je l’ai lu en prenant mon temps. J’ai beaucoup aimé découvrir la façon dont cette relation père-fils se développe, de voir qu’un adulte peut ressentir tellement d’émotions si éprouvantes face à son enfant. Et il y a toujours cette attention de faire les choses comme il le faut pour son enfant, sans commettre d’erreurs, un challenge dans lequel tout parent s’engage en faisant des enfants. Cela est d’autant plus difficile quand son enfant n’évolue pas comme les autres. C’est touchant de voir ce que chacun d’eux peut éprouver face à ce qu’ils vivent.
Les Mondes de Sam
De Keith Stuart
Editions Milady
Poche 425 pages
Sortie le 13/03/2019