Résumé :
Une vague monstrueuse, soulevée par un typhon meurtrier, dévaste les Philippines, emporte des milliers de personnes en quelques minutes et ravage sa myriade d’îles.
Sur l’une d’elles, Madel reprend des sentiments, la jeune journaliste se plonge dans son travail, en équilibre entre information et voyeurisme, quand tous les médias du monde se tournent vers les Philippines.
Recueillir la parole survivante, nouer des liens avec les rescapés, c’est conjurer la mort. Mais un typhon de cette violence ne laisse jamais en paix ceux qu’il a épargnés.
★ Merci aux Editions Plon & à Babelio pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
Yolanda, un prénom féminin pour un typhon annoncé qui ne fut pas seulement cela, mais plutôt un « storm surge », seulement voilà ces mots inconnus des habitants des îles n’auront pas pu les prévenir du danger qu’ils encouraient. Habitués aux typhons qui frappaient leurs îles plusieurs fois l’année, ils ne s’attendaient pas à devoir affronter un tsunami de trois vagues qui se sont succédées, qui n’auront pas fait que détruire un paysage, mais aussi des vies. On vit alors la catastrophe et l’après quand les survivants tentent de sortir de cette torpeur amenée par ce cataclysme, partagée entre la culpabilité des sentiments éprouvés lors du danger et cette part d’eux qui espère retrouver leurs proches.
Madel est journaliste, installée depuis peu sur cette île et bien malgré elle, elle se retrouve en plein coeur d’un drame humain qu’elle va devoir couvrir pour sa chaine et ce alors qu’elle ne souhaite qu’une chose : retrouver Jan dont elle a été séparée quand la mer les a engloutis. On navigue alors à travers son regard, parmi les survivants, les décombres et recueillant les témoignages qui évoquent les quelques minutes où tout a changé. On revit la terreur des gens, les sentiments divers se mêlent : beaucoup de peurs, peines, mais aussi culpabilité d’avoir du abandonner quelqu’un, d’avoir lâché une main… le dénie de la mort, de la perte.
Madel va suivre différents personnages, médecins, pompiers… accompagnée d’une collègue journaliste, recueillant des images choquantes, des témoignages qui procurent des frissons de par leur réalité. Elle effectue un travail d’investigation dans une sorte de dénie avec cette peur de constater que c’est le corps de Jan qu’elle pourrait trouver et non Jan en vie. C’est une lecture poignante, on constate par le biais de ces témoignages de la violence du tsunami qui a tout ravagé sur son passage.
L’auteure évoque cette catastrophe à travers la narration de Madel, mais elle est celle qui est là pour recueillir les expériences de chacun, elle survit tant qu’elle peut devant les horreurs qu’elle voit, qu’elle entend et parfois on se demande comment elle, elle va s’en sortir. Elle parait à la fois si forte et courageuse alors que gronde en elle tellement de sentiments mêlés à ce devoir qu’elle a vis à vis des gens qui l’entourent. C’est un roman court mais qui présente les choses de manières humainement posée, on découvre des habitants dépassés par une catastrophe qui aurait pu être épargnée si la communication avait été meilleure, si d’autres enjeux n’avaient pas pesés dans la balance. L’un des sentiments éprouvés en majorité par les protagonistes, c’est la culpabilité, dans cette action violente qu’engendrent ces vagues successives, chacun d’eux avaient la responsabilité d’un être et beaucoup ont lâché la main, c’est épouvantable de voir ce sentiment alors que rien ne peut combattre la violence de cette nature déchainée.
Ce premier roman de l’auteure m’aura le temps de ma lecture propulsé sur cette île dévastée, parmi ses habitants où les témoignages nous sont livrés avec beaucoup de respect. J’ai eu peur à un moment donné que le voyeurisme de la caméra prenne le dessus sur l’humanité que tout un chacun doit éprouvé dans un tel moment et la position de Madel nous offre cette part d’humanité, de vécu ainsi que son expérience. Je me replace aussi dans le contexte de ces grandes catastrophes météorologiques, quand nous spectateur découvrons les images que ces journalistes nous envoient, sans celles-ci nous ne rendrions pas compte de ce que sont ces dangers, nous les regardons et nous sentons très rapidement partagé entre ce besoin de les voir et ce besoin de les fuir, une façon de ne pas affronter cette réalité.
« Les mains lâchées » de Anaïs Llobet
Editions Plon le 18/08/2016 : 153 pagesNOTE : 4/5