Résumé de l’éditeur :
Parfois, la seule chance de se retrouver, c’est de se perdre complètement.
Helen, 32 ans, fraîchement divorcée, semble incapable de rebondir. Son petit frère a pourtant la solution pour éviter l’effondrement : un stage de survie en milieu hostile. Helen finit par céder et se retrouve en pleine nature, au fin fond du Wyoming. Au point où elle en est, se dit-elle, ça ne peut pas faire de mal.
L’expérience s’avère encore plus désastreuse que tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Entre le blizzard qui la surprend en plein été, les élans en rut et la meute féroce d’étudiantes en quête d’aventures, Helen est loin d’être au bout de ses surprises. D’autant plus que Jake, le meilleur ami de son petit frère, s’est inscrit en dernière minute pour le même stage, et qu’il ne rate pas une occasion de lui faire tourner la tête…
★ Merci aux éditions Hauteville pour ce SP ★
J’apprécie beaucoup lire Katherine Center, sa plume est moderne et nous propose toujours des situations et des personnages plein de belles émotions. Les situations diverses et variées de ses romans nous permettent de découvrir des personnages dans des moments de leur vie où ils se sentent vulnérables et à la recherche de quelque chose, cela se traduira de différentes manières mais toujours avec ce besoin et cette recherche de réponses. Ce roman m’a aussi donné envie car le résumé était plutôt assez tentant, j’ai été interpellée par ce stage de survie, une démarche loin d’être anodyne et sans possibilités et conséquences.
Je crois que dès le départ j’ai été vraiment attachée au personnage d’Helen. Son mal être profond m’a touchée, et si son attitude peut parfois porter à vouloir la secouer, je l’ai plutôt bien comprise et je n’ai pas ressenti ce sentiment. Non au contraire, je l’ai lu avec beaucoup d’empathie et j’ai ressenti chaque instant comme si je les vivais moi-même. Helen est une héroïne attachante et qui est aussi représentative de bien des femmes que l’on pourrait être. Son mal être semble venir d’une rupture, mais aussi de la fin de ce qu’elle pensait être son avenir, mais très vite on se rend compte qu’il y a plus encore et c’est cela que nous découvrirons tout du long du roman. Elle décide de partir en stage de survie avec des objectifs très précis, pour se retrouver, se mettre au défi de réussir quelque chose par elle-même. Elle sera toutefois vite désoeuvrée par bien des choses, et la première c’est la présence de Jake, le meilleur ami de son frère. Une présence loin d’être sans conséquences, puisqu’il va éveiller en elle bien des sentiments qu’elle aura du mal à assumer.
Lorsque l’on découvre plus avant les deux personnages principaux, on comprend aisément qu’ils vivent l’un de ces moments charnières d’une vie. L’introspection de la vie d’Helen est révélatrice de traumatismes importants dont elle ne s’est jamais réellement occupée, préférant garder ses blessures secrètement enfuies, plutôt que d’y faire face. Ce stage lui aura permis d’ouvrir les yeux sur ce qu’elle a vécu dans le passé, et sur les conséquences que cela a sur sa vie actuelle. J’ai été touchée par la jeune femme enfant meurtrie par la perte, qui s’est manifestée de bien des façons dans le schéma familiale dans lequel elle a grandit, on comprend aisément qu’il lui soit difficile alors de se sentir libre d’être proche de quelqu’un et d’être heureux.
Jake n’est pas en reste, ce personnage plus jeune qu’elle, est le bout en train de service, celui qui attire toutes les sympathies et plus encore de la part de ceux qui les entourent. Si Helen pourrait être invisible, lui brille par sa personnalité, il est plaisant de le connaitre, de l’apprécier et d’être en sa compagnie. Sa présence n’est pas anodyne, non s’il est là, c’est pour elle, nous découvrirons de quelles façons tout du long du roman, mais son personnage nous prouve que l’attachement n’a pas de règles, et que l’amour peut braver bien des interdits dictés par la société. Leur différence d’âge est très vite oubliée, malgré la jeunesse de Jake, tandis qu’Helen se sent quelque part bien si vieille par moments, fut ce moment dans sa vie parmi tous ces jeunes un peu fou de tenter cette aventure. Mais c’est surtout le poids qu’elle a sur les épaules qui la rend ainsi, alors qu’à trente deux ans, elle devrait être plus épanouie, Jake pourrait bien être celui qui lui permet de l’être.
Le récit se part d’un certain humour qui nous fait sourire dans certaines situations, notamment dans quelques échanges entre nos deux personnages qui se veulent taquins, qui se cherchent et qui jouent un jeu parfois frôlant cet interdit qui semble se rappeler à Helen. Jake est en effet plus jeune, mais aussi le meilleur ami de son frère, frère avec qui elle a une relation particulière qui sera abordée dans le récit. Elle se retrouve d’autant plus entourée d’autres jeunes personnages, plein de frivolités et de cette fougue liée à leur jeune âge, alors Jake parait encore plus « hors portée », surtout si elle commence à se comparer aux jeunes participantes au stage de survie. Helen sera alors confrontée à ce qu’elle n’est pas, et ce qu’elle pense ne pas pouvoir avoir : Jake, celui qui a toujours été là dans sa vie, et sur lequel elle n’avait pas porté de regard particulier jusque là.
Katherine Center a su très bien retranscrire le mal être de son personnage féminin dans son récit, j’ai tant souffert pour elle tout du long de ma lecture, m’imaginant bien ce qu’elle ressentait à chaque moment. Si j’ai compatis et compris ce qu’elle vivait, j’ai adoré aussi la voir petit à petit, prendre confiance et s’ouvrir et se découvrir elle-même, n’était-ce pas le but de ce stage de survie : se surpasser soi-même ? On y découvre tout ce qu’il s’y passe, de l’accompagnateur, ce jeune blanc bec qui ne l’épargnera pas une seule seconde, aux jeunes qui les entourent. On prend conscience des dangers qu’ils vont rencontrer et de l’importance d’être préparé et fort face aux conditions de ce stage. J’avouerai avoir été épatée par la persévérance d’Helen et ce face à tout ce qu’elle va vivre, elle est épatante et pleine de ressources et c’est un plaisir que de la voir s’épanouir ainsi. Elle ne sera pas épargnée, tant par moment exclue, tant d’autres moments déçue par tel ou tel agissement la concernant, elle se joue un peu de malchance, mais elle sera toujours en tirer partie, même si c’est parfois dans la souffrance.
C’est une nouvelle fois un très beau roman que nous offre de lire Katherine Center, un de ceux qui nous permettent aussi de nous remettre en question, et j’arrive toujours à retirer de ses écrits quelque chose qui me fait envie, une façon de penser, une démarche positive, quelque chose qui fait du bien. ici elle aborde le bien être des gens de plusieurs façons, à travers l’expérience qu’ils vont vivre, ou encore des rencontres qu’ils vont faire. Chaque moment, chaque échange sont porteurs de messages très intéressants, et on se laisse porter par cette sorte de roman thérapie dans lequel on se sent bien.
Le bonheur pour les débutants
De Katherine Center
Editions Hauteville
Broché 380 pages
Sortie le 19/05/2022