Résumé :
Pas facile pour Estelle, seize ans, de grandir sans sa mère, décédée il y a un an. En plus, son père a décidé de prendre un nouveau départ et de déménager… elle va donc devoir s’intégrer dans un nouveau lycée, changer de vie.
Heureusement, elle rencontre Enzo, un prodige du roller. Estelle se sent immédiatement proche de ce garçon énigmatique et taciturne. Peut-être parce qu’elle comprend que lui aussi cache une vraie souffrance et un lourd secret.
Peu à peu, des liens se nouent, puis une attirance qui se transforme en un amour fragile. Estelle pourra-t-elle apaiser les tourments d’Enzo ? Si elle y arrive, les deux adolescents retrouveront peut-être goût à la vie…
Un magnifique roman sur la force des sentiments.
★ Merci aux Editions Dreamland pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
Je suis ravie de retrouver la plume de Clara Richter, que j’ai pu découvrir avec le roman Ma bonne étoile. Elle nous propose des romans Young-Adult qui abordent des sujets délicats et qui nous touchent. Ici aussi, encore une fois elle nous offre des personnages qui vivent des moments difficiles alors qu’ils sont bien jeunes.
C’est un roman qui se fait quasiment tout du long en narration unique, nous suivons l’héroïne de ce livre, Estelle. Elle vient d’arriver à Rennes pour faire sa rentrée en première. Son père a souhaité déménagé car depuis la mort de sa mère, tout chez eux la leur rappeler et il avait besoin de changements. Estelle va vite s’intégrer et se trouver un groupe d’amis très sympathique, avec qui elle va passer de très bons moments. Parmi eux, Enzo, qui n’est pas dans son lycée. Il fait parti du groupe de rider qu’elle fréquente : ils se retrouvent quasiment tous les soirs, dans un skatepark pour faire du roller. Enzo est très bon et vise le championnat de France mais il a aussi un comportement très étrange, la considérant avec beaucoup de froideur.
Enzo est un jeune homme attirant, mais qui a aussi une attitude très ambigüe ! Ses réactions sont souvent colériques et elles cachent certains faits, qu’il ne souhaite pas évoquer. Tous sont en admiration deavnt son talent, et il est un peu le modèle qu’ils aimeraient tous égaler. Le groupe auquel il appartient est assez soudé et pourtant personne ne sait réellement pourquoi il agit ainsi de façon un peu bizarre. Estelle va vite s’intéresser à lui, au delà de son physique avantageux, elle est intriguée par son personnage et elle va chercher à le connaitre. Elle va lui répondre quand il ne s’y attend pas et elle va indéniablement rechercher sa présence à tout instant. Dans le coeur de la jeune fille de seize ans, Enzo devient ce jeune homme dont elle va tomber amoureuse. Tous deux se rapprochent, par le biais de la chienne de Enzo pour commencer, ou encore par une aide à faire des maths pour ensuite finir par avoir besoin l’un de l’autre mais sans qu’aucune relation ne soit réellement établie et officielle. Il est difficile de suivre le cheminement des pensées d’Enzo, qui prend vite ses distances si Estelle tente quoique se soit de plus intime. La situation est compliquée et Estelle ne comprend pas son comportement.
Nous avons ici, deux adolescents qui ont tous deux un vécu difficile, à des degrés différents mais tous deux vont s’avoir être là pour l’autre. L’auteure aborde des thèmes forts liés aux problèmes que peuvent rencontrer les adolescents mais aussi à des problèmes encore plus graves que beaucoup cachent et vivent sans pouvoir en parler. Le roman n’en sera que plus percutant, quand nous prenons conscience des secrets d’Enzo. Estelle va tout faire pour l’aider mais il refuse catégoriquement d’en parler et se braque à chaque fois. Elle est tiraillée entre son amour pour lui et la raison qui quelque part prennent tous deux le même chemin de raisonnement, bien qu’il soit en contradiction avec ce que souhaite Enzo. Tandis que nous constatons l’évolution d’Estelle depuis qu’elle est arrivée à Rennes, nous permettant ainsi de la voir beaucoup lus épanouie qu’au départ. Il est d’autant plus difficile de voir qu’Enzo continue de lutter contre elle et ses sentiments.
Estelle a vécu des moments difficiles, bien avant la maladie et la mort de sa mère déjà. Nous découvrons ainsi quel rôle sa mère a joué dans ce qu’elle a pu subir. Elle n’est plus là, mais elle a laissé une trace sur elle, au fond d’elle et Enzo va lui permettre de refermer la porte sur le passé pour accepter ce qu’elle est, ce qu’elle a vécu pour pouvoir avancer. Elle aimerait tant pouvoir faire la même chose pour lui, mais il le refuse et elle va devoir vivre avec la culpabilité d’être impuissante, lâche ou que sais-je encore. Bien des sentiments qui vont perturber leur belle histoire, celle qui a permis à deux âmes en peine à se trouver.
J’ai bien aimé la subtilité de la narration, comme je le disais plus haut, elle se fait quasiment tout du long du point de vue d’Estelle. Mais Enzo prend les reines, le temps de quelques paragraphes, mais ils ont alors un impact certain. Parfois aussi, la narration passe au tutoiement quand la narratrice s’adresse directement à lui, apportant une dimension supplémentaire aux propos de l’héroïne et donc aux émotions ressenties. Clara Richter a une plume délicate pour évoquer des sujets forts poignants et elle reste proche de la réalité des faits, apportant d’autant plus d’intensité à ce qu’elle avance. J’aime sa plume, c’est le deuxième roman que je lis d’elle, et j’espère en découvrir d’autres car je me suis plu dans les deux romances qu’elle a proposé. J’ai pu ressentir ce que peuvent vivre ces adolescents et de voir l’impact des réalités sur leur vécu est très poignant.
Ce roman m’a encore énormément touché, j’aime la façon dont l’auteure évoque les premiers émois des adolescents, c’est à la fois doux et percutant tellement on sait à quel point les sentiments sont vite portés haut à cet âge. Elle a su encore une fois me bouleverser avec l’histoire de ses deux personnages, l’un comme l’autre ont su me toucher. Et quand on se dit que les faits sont prévisibles, elle arrive à les amener de façon à ce qu’ils vous percutent de toute manière, c’est ce que j’ai ressenti à la lecture de ce roman. C’est autour d’un thème similaire aux personnages qu’elle leur a permis de se rapprocher, comme le font des adolescents lorsqu’ils trouvent en écho chez l’autre une compréhension de leur propre peur et nous allons découvrir de quelle façon ils vont être là l’un pour l’autre, au dépend parfois de l’amour qu’ils éprouvent pour l’autre.
A noter un petit clin d’oeil à ses deux héros de Ma bonne étoile, qui font partis des connaissances d’Enzo et que l’on a plaisir à retrouver le temps d’une scène. Mais bien entendu, vous pouvez lire les romans sans avoir lu l’autre, puisqu’ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre.
« Des bleus au corps » de Clara Richter
Editions Dreamland le 13/06/2018 : 415 pagesNOTE : 5/5