Chocolat vanille de Pierrette Lavallée

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Résumé de l’éditeur :
En intégrant une école de quartier dans le cadre d’un service civique, la jeune Ariel ne s’attendait pas à ce que ce métier soit si prenant, ni qu’elle tomberait sous le charme d’un beau black.
Si dans un premier temps Konan s’est rapproché d’elle, c’est uniquement pour la dominer, l’effrayer, mais bien vite, il est troublé par la jeune femme. Cependant, dans la cité, la relation qu’ils nouent est très mal vue, car non seulement Ariel est ronde, mais en plus, chose rédhibitoire aux yeux de ses amis… elle est blanche.

 ★ Merci aux Editions Sharon Kena pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

Le titre est assez évocateur du type de relation que va aborder Pierrette Lavallée dans cette romance. Cholocat vanille, ou encore l’histoire d’une blanche et d’un noir, pour reprendre les qualificatifs évoqués dans le récit, bien qu’il y en est d’autres, beaucoup plus réducteurs encore sur leur appartenance ethnique. A travers cette relation, Pierrette Lavallée évoque des thématiques très percutantes, liées au racisme : le racisme envers les noirs tout comme celui envers les blancs.

Konan est noir, et vit dans un de ces quartiers mal famés où les jeunes zonent et effrayent tous ceux qui ne font pas partis de leur communauté. Ariel est blanche et elle est ronde, bien en chair, et elle travaille dans ce quartier auprès de jeunes enfants dans une école. C’est ce travail, et son lien avec un des enfants qui va mettre sur son chemin Konan. Voilà deux personnages que tout oppose et qui vont faire connaissance alors que Konan souhaite se venger d’elle, de ce comportement inapproprié qu’elle aurait eu avec son petit frère, Josh. Konan a tout quitté pour ce jeune frère, sa vie est jalonnée par ces moments où il quitte son foyer, d’abord pour fuir un pays où il devient difficile de vivre, et ensuite pour ne pas laisser tomber son petit frère. C’est un personnage dévoué, aimant mais aussi emplis d’une colère fondée sur les injustices que sa famille et lui ont subit depuis toujours. Alors quand il apprend qu’une petite blanche s’en prend à son frère, il voit rouge et décide de le venger, en lui faisant peur. C’est ainsi que commence leur histoire.

La double narration nous permet de très bien appréhender les deux personnages. Nous les découvrons donc au fil du récit qui se déroule, et l’approfondissement de leur personnalité nous permet de bien comprendre qui ils sont et ce qu’ils ressentent. C’est avec un très fort sentiment de colère que nous allons découvrir Konan, il se montre dès le départ abrupte, plutôt assez cash dans les propos qu’il tient et dans son attitude, octroyant alors de lui une image imposante et du mec de banlieue sans filtre. Les sous-entendus et illusions sexuels qu’il emploie pour choquer Ariel sont utilisés pour la provoquer et la mettre mal à l’aise. Le contraste entre ce jeune homme qui a une sexualité épanouie et plus encore, et cette jeune femme qui n’a jamais connu d’homme, est marqué par les paroles et les gestes qu’ils pourront échanger. La teneur des propos ou encore les descriptions de l’acte sexuel sous toutes ses formes est assez prononcée, et cela marque le récit dès le début. Cela prendra encore plus d’ampleur à certains moments de l’histoire.

Konan et Ariel vont apprendre à se connaitre, alors que ce n’était pas le but au départ. Konan souhaitait l’approcher pour mieux la piéger et la faire souffrir mais sans s’en rendre compte, il va commencer à s’intéresser à elle d’une toute autre manière. La jeune femme l’attire et il est partagé entre ce besoin de se venger, qui l’anime par moment où sa personnalité colérique prend le dessus, et cette envie qu’il a d’elle. D’abord une envie physique d’assouvir ce désir qu’il éprouve auprès d’elle, qui se transformera en quelque chose de plus profond et plus émotionnel. Ariel, de son côté, est une jeune femme timide, introvertie, qui a beaucoup de difficultés à s’accepter comme elle est. Elle n’a vécu que peu d’expérience de couple, mais elle a été suffisamment échaudée pour ne plus avoir confiance en elle. Ses rapports avec son frère, sont assez tendus, et controversés, car ils s’aiment tous deux, mais il la bat un peu à froid, mettant en lumière ce physique qu’elle a du mal à assumer. Nous le comprendrons alors, cela créé une certaine fragilité dans la personnalité de la jeune femme. Car en dehors de cela, elle a plutôt un caractère entier et assez affirmé, et elle n’hésite pas à se défendre quand il se soit. Sa faille, c’est son physique et quand ce grand et beau black s’intéressera à elle, elle doutera d’autant plus d’elle.

La tolérance envers les personnes d’une autre couleur est ce qui va diriger bien des aspects de cette histoire. Konan veut se venger de Ariel, une blanche, cela va exacerber ses amis, qui détestent les blancs. Pour eux, Ariel est l’incarnation du mal, une « babtou », une personne qui n’a pas à être considérée en bien, alors la persécuter devient un jeu, et quand Konan va leur faire part de ses sentiments, il subira lui aussi les insultes. De meilleur pote, de frère, il se fait traiter de « bounty », faisant référence à ces noirs qui pensent comme des blancs. Le récit prend alors une tournure beaucoup plus conséquente et percutante quand on constate à quel point le racisme peut engendrer des comportements violents et très importants. Ariel va subir bien des moments difficiles, tant physique que psychologiquement déstabilisants. Si elle, prône la tolérance et ne fait pas qu’à de la « couleur » des autres, ce n’est pas le cas de tous. Konan, lui va évoluer à son contact, jusque là il n’avait pas envisager une relation possible avec une « blanche » mais avec elle, il va voir naitre des sentiments et il va se laisser porter par ce qu’il ressent, sans imaginer ce qu’il se trame derrière son dos.

Leur relation, à la Roméo et Juliette, est de celle qui se dit interdite, car la société n’accepte pas forcément qu’un noir sorte avec une blanche. De nos jours, c’est encore tabous chez certains et dans certains endroits, alors qu’à d’autres, cela n’a aucune importance. Les gens qui vivent souvent en communauté, selon leurs origines, véhiculent ce message d’interdit d’aller voir ailleurs que parmi les leurs. Konan et Ariel en subiront les conséquences et leur histoire n’en sera que d’autant plus percutante.

Chocolat Vanille, c’est une lecture qui aborde des thématiques fortes et Pierrette Lavallée n’y va pas avec le dos de la cuillère. Elle nous offre une romance courte qui nous ancre d’emblée dans une atmosphère chargée où le danger d’être jugée sur sa couleur, régit toute l’histoire de ce couple. Le récit est imposant, tant dans cette différence qu’il y a entre les deux personnages, tout comme dans les propos qui vont être tenus, et d’autant plus encore quand on constate les actes que se permettront certains personnages. Un texte donc qui impose un rythme tenu, où nous découvrons l’évolution d’une histoire de couple, à travers l’acceptation de la différence. Un texte porteur de messages importants sur cette acceptation et sur la tolérance, et qui montre que de nos jours, il y a encore tant à faire pour que tous soient accepté tel qu’il est, riche ou pauvre, blanc, noir ou autre encore.

Chocolat vanille
De Pierrette Lavallée
Editions Sharon Kena
Numérique 188 pages
Sortie le 07/04/2020


Roman disponible en numérique, avec une couverture différente.

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