Résumé :
Six jours dans la vie de Caumes qui vit son premier amour.
Six jours de 2015 ou la France est saisie d’effroi.
Le portait d’une génération tiraillée entre l’amour et la mort.
Un livre à placer dans toutes les mains – sans exception.
Ce soir, Caumes a 17 ans et attend le déluge. Il ne sait qu’une chose : à la fin de l’année, il quittera sa ville natale pour rejoindre son frère aîné à Paris. Paris, la ville rêvée. Ce soir, Caumes a 17 ans et attend aussi le miracle qui, à son grand étonnement, survient : Esther – sujet de tous ses fantasmes – se décide enfin à lui adresser plus de trois mots, à le regarder droit dans les yeux et à laisser deviner un « plus si affinités »…
Nous sommes le mardi 6 janvier 2015 et le monde de Caumes bascule : le premier amour s’annonce et la perspective obsédante de la « première fois ». Sauf que le lendemain, c’est la France qui bascule à son tour : deux terroristes forcent l’entrée du journal Charlie Hebdo et font onze victimes…
À la place du cœur, c’est ça : une semaine, jour après jour, et quasiment heure par heure, à vivre une passion sauvageonne et exaltante ; mais une semaine également rivée sur les écrans à tenter de mesurer l’horreur à l’œuvre, à tenter de ne pas confondre l’information en flux continu avec un thriller télé de plus. Comment l’amour (qui, par définition, postule que « le monde peut bien s’écrouler ») cohabite-t-il avec la mort en marche ? Comment faire tenir ça dans un seul corps, dans une seule conscience ? Comment respirer à fond le parfum de la fille qu’on aime et comprendre, dans le même temps, que le monde qui nous attend est à terre ?

 ★ Merci aux Editions Robert Laffont pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

Merci à Collection R de m’avoir permis de découvrir ce livre que j’ai eu tout de suite envie de lire à l’annonce de sa sortie malgré cette petite appréhension que j’avais de l’état d’esprit dans lequel je serai à sa lecture. Je ne l’ai d’ailleurs pas lu tout de suite en main, car j’attendais ce moment propice à cette lecture, dicté par l’instinct, l’envie du lecteur et on ne lit pas un livre abordant un sujet si poignant à n’importe quel moment.

Lire A la place du coeur, c’est trouvé les mots pour exprimer ce que beaucoup ont pu ressentir lors des attentats contre Charlie Hebdo, j’ai eu l’impression de revivre les sentiments qui m’ont animé au moment des faits. L’horreur a commencé avec cet acte et n’a cessé durant l’année funeste 2015. L’exercice est difficile : écrire une chronique sur un livre qui évoque une réalité même si celle-ci est portée dans un contexte romancé, je pense que l’on ne peut que livrer plus un ressenti personnel par rapport à l’expérience que nous avons tous vécu mais chacun à sa manière qu’une réelle analyse du livre. De mon côté, je n’ai plus 17 ans mais l’auteur non plus et je trouve cela intéressant de voir qu’il a souhaité évoquer ces durs moments à travers le regard de l’adolescence.

A la lecture des faits relatés à travers les personnages, je me suis sentie replongée dans mes propres réactions et émotions vécues au moment des attentats, les mots les évoquent et nos souvenirs de ces moments restent intact, on s’en rend compte à la lecture de ce livre. C’est à la fois quelque chose de très personnel mais aussi d’universel car nous nous sommes tous sentis profondément atteins par ces actes. L’auteur évoque parfaitement les réactions que tous avons eu : étant de ceux qui restent bloqués devant leur écran, qui répète continuellement les mêmes images jusqu’à ce qu’ils deviennent fiction même si on sait qu’ils sont au contraire réalité, ou de ceux qui au contraire refusent de voir les images, tentant peut être aussi ainsi de se préserver. Ici cela est évoqué à la fois de façon très pédagogique car c’est une prof qui en parlera avec ses élèves mais aussi de façon très humaine car l’auteur nous propose le ressenti de différents personnages : nous sommes en banlieue parisienne et beaucoup sont inquiets pour leurs proches sur Paris, tandis que d’autres sont musulmans et se disent que cela aura forcément des retombées sur le regard que leur portent les autres. Arnaud Cathrin arrive à travers ses personnages à évoquer toutes sortes de situations qui évoque notre position mais aussi celles des autres, sans que forcément nous ayons eu conscience de cela, j’ai trouvé cela très judicieux de nous proposer ainsi différents points de vue et ce à travers le regard de son personnage.

Je ne parlerai pas d’un coup de coeur mais je me suis sentie irrémédiablement attirée et surtout concernée par cette lecture, je trouve que ce roman pose des mots que nous même avons parfois du mal à exprimer. L’attitude de ce jeune homme Caumes qui malgré l’horreur des attentats, vit aussi son premier amour nous dicte aussi le message que l’on ne peut pas s’arrêter de vivre et ce malgré la culpabilité que l’on éprouve à penser à « autre chose » d’autant plus si cette chose vous rend heureux. Le regard qu’il porte sur ces événements du haut de ses 17 ans et ce moment est un regard d’un adolescent qui est sorti de l’enfance, abordant tout juste le monde des adultes, c’est cet entre-deux que nous aimerions encore préserver des dures réalités de la vie mais qui ressent pourtant ce besoin de s’investir, comme dans l’épisode qui relate le fait d’aller ou pas à cette grande marche qui avait lieu à Paris le dimanche qui suivait les attentats, nous sentons l’importance que ça revêt alors pour tous.

Arnaud Cathrin évoque la mort mais aussi la vie, ce contraste à travers le regard de la jeunesse, celle qui feront les adultes de demain. De nombreux sujets relatifs aux attentats sont ainsi traités : le racisme évoqué de bien des manières, avec des paroles d’adultes portées aux nus par le biais de la violence physique de ces jeunes qui traduisent ainsi ces discours qu’ils ont entendu en grandissant. A travers ce racisme, la haine mal identifiée qui prend des proportions désastreuses. L’auteur parle aussi de cet âge de transition où on se doit de prendre des décisions pour son avenir et des moments des découvertes que l’on effectue au même âge, tant de belles choses qui font la vie d’un adolescent alors que l’horreur a tout figé autour de lui.

Après avoir évoqué sept jour dans la vie de Caumes avec pour point central, Charlie Hebdo,  la saison 2 abordera la fin de l’année 2015 qui aura prolongé l’horreur du début d’année.
Cette série de deux livres restera je pense parmi ces livres qui peuvent être lu par tous à partir d’un certain âge certes mais sans limite d’âges à partir de l’adolescence. Je pense que ma fille le lira d’ici quelques années, elle qui a vécu les attentats du haut de ses 8 et 9 ans, l’expérience de cette lecture sera encore bien différente même si dans le fond, nous avons tous ressenti les mêmes sentiments.

« A la place du coeur » la saison 1 d’Arnaud Cathrine
Editions Robert Laffont, Collection R le 01/09/2016 : 243 pages

NOTE : 5/5

Série 
La saison 1
La saison 2 (prévue pour mars 2017)