Résumé de l’éditeur :
June une mène une vie à deux cents à l’heure dans le New-York des affaires.
Caleb milite pour assurer la survie du patrimoine amérindien.
Tout les oppose et pourtant…
Pour obtenir le poste qu’elle convoite, June accepte de relever un défi de taille : assurer l’image de son entreprise au fin fond du Michigan.
Mais dès son arrivée, rien ne se passe comme prévu, sans compter que le décor du Ontara Creek ranch est bien trop éloigné de son cadre de vie habituel.
Caleb a grandi sur ces terres et consacre sa vie aux siens, à ses racines. La nature qui l’entoure est son équilibre. Alors, voir débarquer dans son ranch une perturbatrice aux idées préconçues ne l’enchante guère.
Et si ce qu’ils ont à offrir peut soigner les maux de l’autre ?
L’amour ne connaît pas de logique, encore moins lorsque la nature décide de lier deux âmes esseulées. Leurs différences peuvent devenir leurs forces, à condition de ne pas laisser leurs secrets les détruire.
☆ AVIS DE BELI ☆
La plume de Blandine P. Martin est l’une de celles que j’aime lire avec toujours beaucoup d’entrain. Je sais que c’est une passionnée, et quand elle décide d’écrire un roman, elle y met beaucoup de cette passion pour le sujet qu’elle souhaite aborder dans ses romans. L’idée de pouvoir vivre auprès des amérindiens une belle aventure au coeur même de leurs traditions, m’a d’emblée beaucoup plu, j’avais hâte de découvrir cette histoire.
Le récit débute avec l’arrivée d’une jeune femme qui vit à cent à l’heure, dans la ville trépidante de New-York. June est ambitieuse, et si jusque là, elle n’a jamais eu sa chance au sein de l’entreprise où elle travaille, quand on lui confie une mission qui pourrait lui ouvrir quelques portes pour avoir un meilleur poste, elle n’hésite pas une minute ! Voilà donc la citadine qu’elle est, se retrouver au fin fond du Michigan pour faire valoir les bienfaits de son entreprise dans une région où ils veulent investir. Elle détonne, les talons, les tailleurs, rien ne colle avec le coin, mais elle reste décidée et motivée, et ce même alors qu’elle se voit confronter dès le départ à quelques contretemps météorologique qui engendrent quelques complications. Elle va devoir être re-dirigée vers un autre logement à peine arrivée et elle se retrouve dans un ranch encore plus éloigné que le lieu prévu à l’origine.
Ces lieux dans lesquels elle se retrouve, sont occupés par une famille, issue d’une nation amérindienne : les Wendat qui tentent de préserver les valeurs et les terres de leurs ancêtres à travers leur façon de vivre et de penser. La grand-mère et le petit-fils s’en occupent et c’est par eux qu’elle sera accueillie un soir de pluie. Si du côté de la matriarche, l’accueil est plutôt joviale et sympathique, ce n’est pas le cas de Caleb, qui se comporte avec peu de sympathie vis à vis d’elle. June représente le genre de personne qu’il n’apprécie pas, trop moderne, trop éloignée de la réalité de la vie qu’il mène et trop inaccessible, elle conserve une certaine rigidité dans la façon dont elle s’adresse à eux, n’étant pas forcément bien à l’aise au sein de cette nature brute et de ses habitants qui le sont autant. Il se montrera alors assez froid, distant et bourru, sans faire d’efforts pour l’aider en quoique se soit.
L’appel de la nature est un bon bol d’oxygène, en embarquant dans ce Michigan bien loin de New-York et sa frénésie, June va découvrir tout autre chose. Une vie plus paisible, des émotions plus intenses et des personnes dépourvues de mauvaises intentions, cela forme un contraste certain avec la vie qu’elle mène et les personnes qu’elle est obligée de cotoyer dans son quotidien. Si elle ne perd pas de vue son but, elle saura aussi profiter de ce qu’il lui est offert de découvrir et de vivre auprès de ses personnes qui font de ces lieux, un endroit paisible, où il est bon vivre. Les rapports tendus avec Caleb du départ, vont petit à petit laisser place à tout autre chose, Caleb reste naturel, dans bien des aspects de sa personne, pour notre plus grand plaisir. C’est avec une pointe d’humour que June découvrira alors le jeune homme sous une autre facette, moins rude qu’au départ, quand il se comportera avec plus de naturel et qu’il semblera se rapprocher d’elle.
La citadine New-Yorkaise va de plus en plus apprécier tout ce qu’elle découvre au ranch et ce qu’elle vit en compagnie de tous les personnages qui l’environnent. Ils sont tous très liés, par des traditions ancestrales, par une amitié sincère, et par ce besoin d’être les uns auprès des autres. La façon dont ils ont de concevoir la présence des autres est différente, la famille reste très proche et il n’y pas ce même besoin de fuir le cocon familiale pour vivre seul, ici Caleb vit avec plaisir auprès de sa grand-mère. June va tout découvrir d’eux ainsi que de la tradition Wendat, à travers leurs quotidiens qui rappellent sans cesse leur origine, par le respect pour la nature et pour les autres. Mais elle pourra aussi profiter des événements liés à la tradition, lui montrant quelles sont leurs coutumes et quels biens faits cela procure à leur vie. Nous assisterons alors à quelques scènes mémorables sur leur façon de vivre, très instructives et révélatrices de ce qu’ils étaient avant. De leurs traditions héritées, Blandine P. Martin évoque bien des thèmes récurrents à la nature et au respect que l’on a d’elle, ce qui forme un contraste certain avec le monde dans lequel June vit. C’est flagrant et cela entrainera aussi quelques rebondissements dans leur histoire, qui étaient inévitables, comment concilier sa vie d’avant à ce qu’elle vit dans ces moments partagés avec Caleb et ses proches ?
En lisant le texte de Blandine P. Martin, j’ai vraiment eu l’impression de découvrir des tableaux magnifiquement mis en valeur par les mots qu’elle emploie pour nous les décrire. Certaines scènes m’ont marqué, avec cette sensation de réellement les avoir sous les yeux, voir même de ressentir certaines impressions comme si j’y étais. Je pense notamment à une scène très sensuelle, bien qu’il ne s’agisse que d’une balade en cheval, la proximité des deux personnages, le contraste de l’un et l’autre forment un tableau magnifique et très parlant. On a réellement l’impression que chaque situation, chaque scènes prennent vie devant nos yeux, à travers les mots de l’auteure. C’est intense, c’est beau, c’est plein d’émotions et cela nous transcende.
Le contraste entre June et Caleb est fondé sur bien des aspects de leur vie. Nous avons pu découvrir que les lieux où ils résident tous deux sont déjà l’opposé l’un de l’autre, mais c’est aussi la vie qu’ils y mènent qui forme ce contraste. Leur physique est aussi bien loin l’un de l’autre : lui, c’est l’amérindien à la peau joliment colorée, aux longs cheveux bruns et soyeux, à la carrure musclée, liée à la façon dont il mène sa vie, au coeur même de la nature ainsi qu’à ses origines. C’est un peu un homme brut, sauvage et puissant. June, elle, c’est la jeune femme plus frêle, à la peau blanche, aux cheveux roux et qui dans cette nature sauvage, pourrait s’envoler comme une feuille d’automne. Tous deux ensemble, malgré ce contraste flagrant de ce qu’ils sont, forment un tout, une complémentarité et ils vont merveilleusement bien ensemble.
Blandine P. Martin nous propose à la fois une romance, de laquelle on se délecte, Caleb étant très attirant et son naturel engendre quelques situations dérangeantes pour June, mais non moins délectable. J’ai beaucoup aimé le découvrir auprès d’elle, car il va s’ouvrir petit à petit, nous révélant sa véritable personnalité auprès de la jeune femme qui devra faire face à un côté séducteur qu’elle ne pensait pas retrouver dans cet homme qui l’a si mal accueilli au départ. Tous deux vont se rapprocher, vivre et partager de plus en plus de moments ensemble, dans l’intimité des lieux. Leur complicité va prendre de l’ampleur, ils devront alors être confrontés à leurs émotions, ainsi qu’aux sentiments naissants, le tout rappelant qu’ils n’appartiennent au même monde.
A côte de cette romance, ce qui fait la force de ce roman, c’est les lieux et les traditions Wendat dans lesquels nous nous retrouvons. L’histoire est très entrainante, j’ai été fascinée par la découverte des Wendat et de leurs traditions. Blandine P. Martin a su parfaitement bien nous exposer leurs habitudes et tout ce qu’ils ont gardé de leurs ancêtres, et le tout en les intégrant à la vie de nos jours. J’ai toujours été fascinée par les us et coutumes de ce passé, que beaucoup pensent révolus, alors qu’ici, nous constatons que les traditions sont encore de mises, et si les amérindiens vivent bien de nos jours avec la modernité, ils restent profondément attachés à ce qui leur vient de leurs ancêtres. C’est aussi en cela que la modernité fait tant de mal à la terre et la nature, tandis qu’eux préservent un certain respect et une dévotion qui leur permettent de ne pas penser qu’à eux. Dans ce monde que l’on a aujourd’hui, c’est d’autant plus important car l’homme a trop abusé de ce que nous offre la nature.
Un roman qui se dévore, un roman engagé aussi qui nous octroie un certain nombre de messages sur cette façon trépidante dont nous vivons. Toujours à cent à l’heure, sans réel respect de ce qui nous environne, avec toujours dans l’idée de rattraper le temps qui file, alors qu’il suffirait tout simplement de profiter de ce qui nous est offert, sans toujours vouloir plus. Blandine P. Martin a parfaitement répondu à mes attentes avec ce roman, mêlant une romance qui se veut intense, torride et belle, tout en nous proposant de découvrir tant de belles choses sur les amérindiens. Je me suis régalée et j’aurai plaisir à replonger de nouveau dans cette histoire, pour me rappeler que la vie peut être aussi vécue de façon plus naturelle et moins schématisée par les dictats d’une société qui va trop vite.
Wendat
De Blandine P. Martin
Auto-Editions
Broché 353 pages
Sortie le 13/10/2020