Résumé :
À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Egon Schneider, un jeune médecin juif amoureux des animaux, fuit l’Allemagne et débarque à New York. Dérouté par le rythme de Manhattan, il ne trouve de réconfort qu’auprès de son groupe d’amis immigrés. Parmi eux se trouvent Meyer Leavitt, un auteur cynique et populaire, ainsi que la belle et fougueuse Catrina Harty qui partage la même passion qu’Egon pour les animaux. Lorsque leur communauté est confrontée à une menace funeste, ils unissent leurs forces pour que leurs espoirs deviennent réalité dans ce Nouveau Monde où chaque lendemain est synonyme d’un nouveau combat à mener pour trouver sa place.
★ Merci aux Editions Milady pour ce SP ★
☆ AVIS DE BELI ☆
J’ai une fascination pour tous ces romans qui traitent du XIXème siècle et surtout de la période des guerres mondiales, des temps pas si éloignés que cela et pourtant tant de choses se sont passés, que l’on semble oublier de nos jours. J’aime beaucoup découvrir qu’elle a pu être la vie de ses hommes et de ses femmes, qui se sont battus pour leur pays, ou qui ont du fuir un endroit pour rester en vie.
Le récit de ce roman se compose de plusieurs parties, nous permettant ainsi de parfaitement bien appréhender les personnages qui vont faire cette histoire, de manière assez détaillées, puisque nous commençons leur vécu en faisant la connaissance de leurs parents. Cela nous permet de nous replacer dans un contexte socio-culturel et historique, pour bien comprendre ce qu’ils ont vécu et la façon dont ils ont été élevés. De l’Allemagne aux Etats-Unis, l’histoire commence dans les années 1900 pour prendre un virage certain à l’aube de la seconde guerre mondiale.
Nous débutons le récit en Allemagne, le pays qui a fait chavirer l’Europe et le monde entier, dans deux guerres mondiales qui auront marqué à jamais le XXème siècle. Le fait de commencer le récit, ici même est déjà un fait marquant mais c’est aussi très intéressant, d’avoir le point de vue d’allemands qui ont vu leur pays décliner au fil des années qui passent, pour n’être plus qu’un foyer antisémite ampli de colère. Egon Schneider est juif, et jusque là, sa religion n’avait jamais été un problème. Nous découvrons de quelle famille il vient, ses parents, leur amour, sa naissance et sa vie jusqu’à cet âge où adulte, il exerce le métier qu’il aime. Aux côtés de lui, quelques amis et connaissances avec qui il a partagé bien des moments. Mais nous sommes dans ces années précédant la seconde guerre mondiale, et la montée de l’antisémitisme contre les juifs prend de l’ampleur, petit à petit les juifs vont voir leurs droits disparaitre, pour ne plus être en mesure de pratiquer leur profession et les attaques contre eux se multiplient. Il est temps pour eux de penser à partir, fuir ce pays qui ne veut plus d’eux et les Etats-Unis semblent être le lieu le plus adéquat pour fuir une Europe instable.
Après cette première partie qui nous positionne durement dans le temps, appréhendant la condition de vie de ces juifs en Allemagne et les décisions que certains arriveront à prendre de fuir, nous nous retrouverons aux Etats-Unis. Nous y faisons la connaissance d’une américaine, tout comme pour Egon, nous découvrons sa vie de sa naissance aux années 30. Elle n’a pas eu une vie facile, surtout avec les hommes, son père les a abandonné, elle, sa mère et son frère. Et quand elle a connu l’amour, on le lui a enlevé, elle n’a pas su s’accompagner de la bonne personne par la suite. Ses choix, le déroulement de sa vie ne correspondent pas à ses espérances. A travers elle, nous découvrons les Etats-Unis, mais du point de vue d’une citoyenne de ce pays, qui n’a pas connu la guerre et ce besoin de fuir. Elle fera la connaissance de Egon et leur relation évoluera sans que rien ne soit évident : elle, l’irlandaise pure souche américaine, et lui l’immigré allemand, de confession juive. Une façon aussi d’appréhender le contraste entre deux citoyens qui n’ont pas les mêmes droits dans ce pays, de par leurs origines.
Ce roman aborde une thématique que je n’avais encore jamais eu l’occasion de lire avec tant d’informations et de détails, c’est l’immigration des juifs allemands vers les Etats-Unis. Des personnes qui avaient une situation et une vie bien établies dans leur pays, et qui ont du tout abandonner pour garder l’espoir de vivre. Le récit nous conte plusieurs personnages, tous forment une communauté unie et si chacun vient de différentes sphères de la société, ici ils se retrouvent tous au même niveau sociale, acceptant des emplois qui n’ont rien à voir avec les diplômes, l’expérience et les métiers qu’ils ont exercé en Allemagne. Nous retrouvons donc Egon, ophtalmologue en Allemagne, qui doit vendre du fromage et de la charcuterie aux Etats-Unis, d’autres feront le ménage, du repassage, ou seront vendeur… ici ils doivent tout recommencer, et attendre cinq ans pour demander la nationalité américaine.
Les Etats-Unis est une terre d’accueil, mais tous ne le vivent pas de la même manière, certains n’espèrent qu’une chose, que la guerre finisse pour retourner reprendre leur vie là où ils l’ont laissée en Allemagne, d’autres espèrent s’implanter en tant que véritable citoyen américain, et ce de différentes façons, préférant oublier les allemands qui n’ont pas voulu d’eux. C’est très intéressant de découvrir ces européens tenter de s’intégrer dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Tous leurs points de vue sont différents, ils n’étaient pas forcément amenés à se cotoyer en Allemagne mais ici, ils vont former un groupe, pas forcément toujours sur la même longueur d’onde. Rien n’est facile et plus les années passent, la guerre s’étant déclarée et la haine des allemands n’allant qu’en s’accroissant, sans parler de celle des juifs, leurs interrogations sur leur avenir se multiplient.
J’adore cette collection Littérature de chez Milady, ce ne sont pas des livres que l’on lit avec autant d’aisance qu’une romance par exemple, tout simplement car de mon côté, je m’attends toujours à vivre des moments durs, tellement liés à la réalité des faits que cela en est saisissant. Et je trouve qu’il faut trouver le bon moment pour lire ce genre de romans. Je les trouve d’autant plus très beaux, qu’au delà d’une histoire qui me marque, les couvertures sont la plupart du temps magnifiques. Ici, je la trouve si bien correspondre à l’histoire, elle a cet aspect épuré, qui nous permet de saisir le lieu et la période, et ce sans consulter le résumé. Après cela, on y retrouve quelques éléments marquants en référence aux personnages qui nous ont été présentés.
Un roman qui encore une fois m’aura énormément plu et dans lequel j’ai adoré me plonger. La plume de l’auteure est belle et nous transporte dans une histoire à travers plusieurs générations et plusieurs grands faits marquants de l’histoire du monde et ce auprès de différents représentants de la communauté juive immigrée aux Etats-Unis. On pense tout savoir de ce qu’a été l’histoire, mais plus je lis, plus j’en apprends et plus je me dis que l’on ne devrait pas cesser de découvrir qu’elle fut notre histoire. Surtout concernant des périodes comme celles-ci, qui de nos jours devraient être abordées avec encore plus d’insistance car lorsque l’on constate ce qu’il se passe dans le monde d’aujourd’hui, un rappel des horreurs commises par le passé, ne serait pas du luxe.
Les oiseaux de passage
De Betsy Carter
Editions Milady
Collection littérature
Broché 441 pages
Sortie le 10/04/2019