Résumé :
« J’ai trente-trois ans, ça y est. A quarante ans et des poussières, mon corps sera hors jeu. Il me reste donc sept grosses années pour faire un enfant, soit quatre-vingt-neuf mois. Un chiffre minuscule. A peine deux mille sept cents jours. Que peut-on faire en deux mille sept cents jours ? Rien. J’en ai déjà mis cinq à construire trois meubles Ikea. »
Jeanne, célibataire, contrôleuse de train sur la ligne Paris-Auxerre, n’a qu’une obsession : devenir maman avant que le temps la rattrape. Elle a fait une croix sur le couple, il lui faut simplement un géniteur. Sa décision ne fait pas l’unanimité auprès de ses amis, et, même si parfois elle doute, elle est déterminée à surveiller son cycle, à provoquer les rencontres, à boire des potions magiques et à lever les jambes après chaque rapport, sait-on jamais.

 ★ Merci aux Editions Préludes et à Babelio pour ce SP ★

☆ AVIS DE BELI ☆

« 89 mois » est un concentré de belles choses : du dynamisme, de l’humour mais aussi de la tendresse et de belles pensées. La lecture est très fluide, on se laisse porter par la narration de Jeanne qui s’adresse à ce bébé qu’elle aimerait tant porter.

Dès le début de la lecture, on est porté par la plume de l’auteure, pleine de dynamisme, d’entrain et si rafraichissante : l’héroïne de ce livre, Jeanne a 33 ans, son petit ami avec qui elle pensait faire sa vie, la quittait il y a un an. Depuis toute jeune, elle sait qu’elle sera de ces femmes qui veulent devenir mère, d’une manière ou d’une autre, elle le souhaite plus que tout. Elle sait aussi, qu’approchant la quarantaine, les chances de devenir mère vont aller en s’amoindrissant. Le jour de ses 33 ans, elle compte : il ne lui reste plus que 89 mois pour concevoir un bébé.
Mais avoir un enfant, c’est avoir un homme et elle a déjà bien souffert de sa rupture, pas question ainsi de recommencer une relation pour se retrouver de nouveau seule et abandonnée et sans enfant, de perdre du temps pour tout ça. Elle décide donc de faire un bébé seule.

On retrouve donc Jeanne, avec son projet dont elle ne se cache pas, auprès de ses amis – certains l’encourageront tandis que d’autres tenteront de la convaincre que cela n’est pas un projet qu’elle doit mener seule, qu’elle a encore du temps, qu’elle trouvera l’âme soeur…
Jeanne est bien décidée et va alors tenter des expériences sans lendemain, ou plus ou moins suivies, avec des inconnus ou alors des rencontres. Des situations qui portent à rire ou à sourire, des pensées dans lesquelles on se retrouve, la lecture en est vraiment très agréable. On apprécie suivre les aventures de cette femme qui souhaite tant avoir un bébé.

Au delà de cet aspect léger et drôle de sa personnalité, de son projet et de la façon dont elle prend les choses en main, on ressent toutefois ce vide, ce besoin de porter un bébé, d’avoir un enfant. Jeanne le cache bien, mais elle souffre beaucoup de ne pas avoir ce que son amie Alice a en étant enceinte et heureuse avec Alfred. Les projets des couples qui l’environnent, les grossesses et bébés ne l’aideront pas à relativiser sa situation comme beaucoup semblent vouloir le faire, et c’est touchant de l’accompagner dans ses pensées sur lesquelles elle ne se penche que très peu auprès de ses amis. Au fur et à mesure que l’on lit ce roman, on sent aussi que Jeanne évolue dans la perspective d’avoir un enfant, les erreurs commises dans cette envie inexplicable de tomber enceinte vite, vont peu à peu faire le chemin dans son esprit et c’est plus posément qu’elle concevra les choses.

L’auteure nous propose à travers le regard de Jeanne d’évoquer des sujets qui touchent beaucoup de femmes : nous vivons dans une société où les femmes procréent plus tardivement et l’horloge biologique nous rappelle toutes à l’ordre mais les couples ne sont plus ce qu’ils étaient avant, la liberté créée des unions plus éphémères. Les personnages qui environnent Jeanne, ont tous un vécu différent et tous dans la même tranche d’âge prennent aussi des décisions sur leur vie, ils arrivent à un moment de leur vie où ils peuvent se poser et concevoir de vivre avec quelqu’un.
Une lecture bien agréable qui m’aura offert de bons moments de rires avec une héroïne drôle, émouvante et à laquelle on s’attache, on a envie de la voir heureuse elle aussi, comme elle l’entend. Le tout sur un fond très touchant, le sujet abordé ici est une recherche du bonheur. J’aurai même plaisir à lire une suite pour la retrouver et voir ce qu’elle devient.

« 89 mois » de Caroline Michel
Editions Préludes – le 04/05/2016  : 282 pages

NOTE : 4/5

Retrouvez l’article sur ma rencontre avec Caroline Michel pour le lancement de 89 mois,
le 12 mai 2015.